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Vers 1690, Johann Christoph Denner (1655-1707), facteur d’instruments à Nuremberg, améliorant l’ancien chalumeau français à huit trous, inventa la clarinette (deux clés, bec, pavillon) dont la sonorité rappelait celle de la trompette aiguë d’alors, le clarino. On distingue aujourd’hui trois registres sonores, principaux de la clarinette: le chalumeau (grave), le médium et le clairon (aigu). D’après François-Auguste Gevaert (1828-1908), J. Faber, maître de chapelle à |
  |   | Mais les premiers chefs-d’œuvre incontestables sont le fait de Mozart, Concerto en la majeur (K.622), Quintette en la (deux violons, alto, violoncelle, K.581), Trio en mi bémol (alto, piano, K.498). Jean-Victor Hocquart écrit à ce propos : «Aucune possibilité n’a été négligée de ce timbre à la fois vibrant etserein, volubile et étale, sensuel et désincarné, chaud et éthéré, mordant et, dans le grave, ligneux et abyssal [...]. L’ambiguïté de la nostalgie mozartienne n’a jamais autant de profonde duplicité.» À côté des pages de Weber (un concertino, deux concertos), les quatre concertos de Louis Spohr (1784-1859) et les quinze de Michel Yost (env.1754-1786), le fondateur de l’école française de clarinette, sacrifient à la virtuosité aux dépens de la profondeur. À l’orchestre, François-Joseph Gossec emploie deux clarinettes dans sa Messe des morts de 1760 (introduzione; «orchestre éloigné» du Tuba mirum; dans le chorus Te decet, les clarinettes doublent le soprano et l’alto solistes). On évoquera pour son intensité dramatique l’emploi de l’instrument dans l’ouverture du Freischütz. En fait, depuis Beethoven, «il est peu de symphonies ou d’œuvres dramatiques où elle ne joue pas en solo» (G. Gourdet). Citons un seul exemple caractéristique de son intervention, si brève soit-elle: la réponse de la clarinette dans le premier mouvement du Concerto pour piano en bémol de Liszt(mes. 54-56).En musique de chambre, elle joue dans de multiples formations : ainsi, en duo (trois Duos pour clarinette et basson, Beethoven; trois Phantasiestücke pour clarinette et piano, Schumann; quatre Pièces pour clarinette et piano, Berg; L’Estampe du I er Livre des Divertissements français pour clarinette et harpe, Georges Migot; Récit et impromptu pour clarinette et piano, Henri Dutilleux), en trio (deux Concertstück pour clarinette, cor de basset et piano, Mendelssohn, op.113 et114), etc. On citera encore les Trois Pièces pour sextuor de clarinettes de Raymond Loucheur, la Rhapsodie pour clarinette et orchestre de Debussy, le Divertissement, op.6, de Roussel (1906, flûte, hautbois, clarinette, basson, cor et piano). |
  |   | Quant à son emploi dans le jazz, elle fit partie (clarinette soprano en si bémol) dès l’origine (1895) des petits orchestres de New Orleans. Parmi le virtuoses, citons Sidney Bechet, Barney Bigard, Jimmy Noone, Johnny Dodds, Woody Herman, Benny Goodman (ce dernier, également clarinettiste «classique» de valeur). Le cor de basset est une sorte de clarinette alto (en fa). On sait la prédilection de Mozart pour lui (Requiem, La Flûte enchantée, Adagio pour deux clarinettes et cor de basset, K.411, et le célèbre duo pour cor de basset et mezzo soprano de la Clémence de Titus). Mendelssohn (op. cit.), Jules Massenet (Le Cid), Richard Strauss (Rosenkavalier) l’employèrent avec bonheur. La petite clarinette en mi bémol fut peu utilisée au XIXème siècle (Berlioz en fait un emploi parodique dans la Fantastique). La clarinette basse fut introduite à l’orchestre par Meyerbeer (Les Huguenots, 1836). Stravinski dans Le Sacre du Printemps tire de ces deux clarinettes un effet inoubliable: piccolo et basse jouent à l’unisson à deux octaves de distance et sur des trilles de flûtes! Schönberg utilise même le Flatterzunge (technique de trémolo empruntée à la flûte) à la clarinette basse (Pierrot lunaire). Vincent d’Indy (Fervaal), Saint-Saëns (Hélène), Schönberg (Orchesterstücke) ont employé la clarinette contrebasse en si bémol (2,76m). |
CLARINETTE   INSTRUMENTS