La simandre est un instrument idiophone de musique, que nous allons découvrir aujourd’hui. Elle est constituée d’une plaque en bois que l’on frappe à l’aide de deux maillets. La simandre est utilisée notamment dans les églises et les monastères de Roumanie, pour annoncer le service religieux ou marquer certains autres moments de la vie monastique. Son rôle est encore plus grand durant les journées qui précèdent les fêtes de Pâques, plus exactement entre le jeudi saint et le dimanche de Pâques, lorsqu’elle remplace les cloches, qu’il est interdit de sonner.
Pourtant, la simandre était déjà utilisée pour des rituels pré-chrétiens; depuis, son rôle est resté pratiquement le même: écarter ou même anéantir les mauvais esprits. Sa force est censée être très grande; aussi, les gens, lorsqu’ils veulent éviter de prononcer le nom du malin, disent-ils ou ajoutent-ils en parlant de lui: que la simandre le tue.
Pour fabriquer la simandre, on n’utilise pas n’importe quel bois, mais du bois sacré – de tilleul ou de hêtre. Les sons intermittents qu’elle émet imitent le tonnerre et ils sont liés au culte des dieux de la forêt. C’est pourquoi elle était souvent utilisée pour les rituels magiques censés amener la pluie pendant les périodes de sécheresse prolongée. Ainsi, un vieil homme prend la simandre de l’église, la nuit, en cachette et la plonge dans le puits, où elle reste pendant 40 jours. La simandre purifie l’espace et le temps. Dans la tradition roumaine il y a un moment de la journée où l’on dit que les anges font sonner la simandre dans le ciel, pour marquer la fin de la nuit et mettre un terme à la domination des mauvais esprits. Le temps qui commence à couler après ce moment est “pur”. Tous les sortilèges et les fantasmes sont dispersés. On dit aussi que le coq chante toujours à la même heure parce qu’il est le seul à entendre la simandre sonner dans le ciel. Davantage sur la simandre et sa fonction dans les communautés roumaines avec l’ethnologue Mirela Creţu : «On a, en fait, deux sortes de simandres l’une fixe, l’autre portable. Pour sonner la simandre fixe, on emploie les deux mains. La simandre portable, est frappée d’une seule main. La simandre est presque toujours en bois. Une simandre en métal vient de faire son apparition, mais elle n’est pas spécifique à la Roumanie. La simande en métal est utilisée uniquement dans certains monastères et elle n’est utilisée que les jours de Pâques, lorsqu’elle accompagne le son des cloches. Dans la vie quotidienne, on peut s’orienter en fonction du son de la simandre, qui marque le début de la messe du soir – soit 3 heures ou 4 heures de l’après-midi. La simandre est utilisée dans tous les pays orthodoxes, y compris dans les églises et les monastères uniates (grecs-catholiques). Elle est installée à l’intérieur du clocher ou sous la toiture de l’église. Elle rythme la vie religieuse, sans jamais remplacer la cloche. Lorsque la cloche et la simandre sont utilisées simultanément, on sonne d’abord les cloches, ensuite la simandre, puis à nouveau les cloches et à nouveau la simandre, 3 fois chacune.» La localité de Victoria, du département de Brasov, au pied des Carpates Méridionales, accueille chaque année un festival, concours unique en Europe qui s’adresse aux personnes maîtrisant l’art de sonner la simandre. Parmi les protagonistes de l’actuelle édition, ont figuré un groupe d’enfants âgés de 3 à 15 ans, de véritables artistes, formés par le père Smăndru. Ce “professeur de simandre”, si on peut l’appeler ainsi, a réussi à transformer le son de ces instruments en un véritable concert de musique symphonique. Les enfants proviennent de 7 pays – Roumanie, Bulgarie, Serbie, Grèce, Russie, Ukraine et Syrie. Source : Voyages Ideoz |
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