Histoire de la harpe

DEFINITION DE LA HARPE
La harpe est un triangle munis de cordes à vides tendues et d'inégales longueurs. Elle est toujours asymétrique.
L'Occident n'a connu que la harpe angulaire, dont dérive l'instrument actuel, mais avant, l'Antiquité connut deux sortes de harpes: la harpe arquée et et la harpe angulaire.

L'ANTIQUITE
Il est certain que la harpe a pour lointain ancêtre l'arc musical dont on joue encore en Afrique Noire. Le premier perfectionnement fut l'adaptation d'une caisse de résonance et de grouper plusieurs arcs : le Pluriarc.
Les premières représentations de harpes au Proche-Orient dérivent directement de l'Arc Musical, dès le 3ème millénaire avant J.-C. ( Sceaux, plaques votives, etc.. ).
En Egypte, dès la 4ème dynastie de l'Ancien Empire, apparaissent des harpes arquées.
L'Egypte nous a laissé, grâce aux hiéroglyphes, des indications précises sur l'évolution de la harpe au cours de plusieurs millénaires. Les harpes arquées traversent les trois empires égyptiens pour aboutir aux grandes harpes du Nouvel Empire. Le nombre de cordes a doublé passant de 5 à 10. Les harpes, très richement décorées et sans doute très lourdes, se jouent alors debout.
Ce sont les Babyloniens qui imaginèrent de fabriquer les harpes en deux parties distinctes : la harpe angulaire.
On retrouve des représentations de harpes dans tous les pays du Moyen-Orient, où elle est considérée comme un instrument à vocation religieuse ou royale.
La harpe se propage ensuite à travers les îles Egéennes jusqu'en Grèce et jusque à Rome.

DE L'ANTIQUITE AU MOYEN-AGE
Les circonstances de la naissance de la harpe en Occident sont assez confuses et plusieurs pays revendiquent d'avoir tenu la harpe au berceau.
C'est surtout dans les pays Scandinaves et Anglo-Saxons que cet instrument semble avoir été pratiqué dès le début de notre ère.
Ce que l'on sait avec certitude c'est que l'Occident n'a connu que la harpe angulaire (à part la harpe arquée des Ostiaks, à l'extrême Est de l'Europe) et qu'elle est d'importation orientale.
La harpe est déjà citée dans des textes datant du 6Ième siècle (Poème de Venantius Fortunatus adressé à Loup, Duc de Champagne).
Au cours du haut Moyen Age, l'utilisation de la harpe dans l'Europe du Nord et les pays Celtiques est à peu près identique: elle sert à accompagner la cantillation des poèmes épiques.
Les bardes bretons accompagnaient les lais ou descors soit à la harpe soit au crouth (Instrument à cordes frottées).
L'Irlande a fait à la harpe un accueil particulièrement chaleureux.
A l'aube du Moyen Age, il semble que la forme de la harpe européenne se soit stabilisée. Elle cesse d'être uniquement un instrument d'accompagnement, elle est jouée par de nombreux solistes dont les noms sont passés à la postérité.
Le nombre des cordes reste variable. Guillaume de Machaut (14ème siècle) avait une harpe de 25 cordes.
La harpe a été l'instrument favori du Moyen Age. Elle est citée dans de nombreux romans et poèmes. Elle est représentée sur les manuscrits médiévaux entre les mains de jongleurs et de ménestrels. Les Bibles en font l'attribut des Anges et du Roi David.

DU HAUT MOYEN-AGE AU 19e SIECLE
La harpe médiévale reste immuablement diatonique, alors que le chromatisme envahit peu à peu la musique. Sous la Renaissance on utilise encore des harpes diatoniques (Gargantua de Rabelais apprend à jouer de la harpe). Mais le manque de chromatisme entraîne une désaffection de l'instrument au profit du luth et des instruments à clavier en train de naître.
Pour palier cet handicap les luthiers italiens construisent la "arpa doppia" , la harpe double.
C'est alors que, en 1697, un luthier bavarois, Hochbrücker, imagina un mécanisme qui, à l'aide de pédales permit d'effectuer certaines modulations.
Cette harpe fut introduite en France en 1749.
En 1770, l'arrivée de la jeune Dauphine harpiste, Marie-Antoinette, fut le départ d'un succès considérable pour la harpe en France, où, le snobisme aidant, toute la cour voulut apprendre à en jouer. En 1784, Rose de Chantoiseau recense à Paris 58 professeurs de harpe!
De nombreux luthiers (dont les Cousineau) font des recherches et essayent de donner à la harpe une étendue chromatique plus importante. Mais aucune de ces inventions n'est vraiment satisfaisante (Complexité du jeu, accord instable, etc...).
C'est vers 1800 que le célèbre facteur de pianos, Sébastien Erard, invente le fameux mouvement à fourchettes qui va permettre à la harpe, de rivaliser à nouveau avec les autres instruments chromatiques.
Depuis le temps, le principe de la harpe à pédale s'est généralisé. Mais il a soulevé plusieurs critiques et cetains compositeurs actuels déplorent son manque de souplesse pour effectuer des modulations hardies. Déjà, en 1844, Hector Berlioz, dans son Traité d'instrumentation et d'orchestration moderne incitait ses collègues à la prudence en ce qui concerne les passages chromatiques à la harpe.
A la même époque la musique d'Elias Parish Alvars était remplie de passages chromatiques difficiles mais nullement impossibles. A la fin du 18ème siècle J.B.Krumpholz démontrait que l'emploi judicieux des homophones permet presque toujours de se sortir d'une modulation. La harpe, qui n'est cependant pas classé parmi les instruments transpositeurs, joue souvent tout autre chose que ce qui est écrit en ayant recours aux homophones ou notes énharmoniques.
Pour répondre à ces critiques, en 1894, Gustave Lyon, directeur de la maison Pleyel, essaya de reprendre le principe des harpes chromatiques à double rangées de cordes. Le succès de cette harpe fut de courte durée et à la mort de Gustave Lyon en 1936, elle disparut complétement de la vie musicale.
En 1905, Pierre Jamet a commencé ses études de harpe au Conservatoire National de Paris, dans la classe de harpe chromatique de Madame Spencer. Mais au bout de quelques mois il opta pour la harpe Erard. Il fut encouragé en cela par Hasselmans, professeur au Conservatoire de Paris, qui ne croyait pas en l'avenir de la harpe chromatique.


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