L'instrument appelé fifre est, rappelons-le, une petite flûte traversière, de perce cylindrique ou conique, d'environ 1 cm de diamètre, excédant rarement de nos jours 38 cm de longueur ; il est fait en bois, parfois en métal ; le tube fermé à extrémité est percé de plusieurs trous. L'un d'eux, plus large, travaillé avec soin et percé à 4 ou 5 cm d'une des extrémités, constitue l'embouchure sur le biseau de laquelle le musicien dirige, entre ses lèvres mi-ouvertes, un filet d'air. Il met ainsi en vibration la colonne d'air et le son se produit.
Le son est modulé en hauteur et en intensité, en combinant la pression et la direction du filet d'air sur le biseau de l'embouchure, la position des doigts sur les 6 ou 7 trous percés sur le corps de l'instrument, et, dans certains cas, en actionnant avec le petit doigt de la main droite une petite clef appelée clef de RIPERT, du nom de son inventeur au XVIIe siècle (1660),située à l'extrémité opposée à l'embouchure.
Ainsi, fonctionnent le pouce, l'index, le majeur, l'annulaire et l'auriculaire de la main droite, dans le cas d'un fifre à 7 trous et à clef. Certains musiciens, jouant à gauche, n'utilisent donc pas le trou de pouce et la clef de Ripert, qu'ils condamnent, si besoin est.
Les 2 trous situés à l'extrémité opposée à l'embouchure sont des trous d'harmonie permettant de régler la justesse et la qualité du timbre.
Il existe donc plusieurs types de fifre :
- le fifre à 6 trous - le fifre à 7 trous (avec trou de pouce) - le fifre à 6 trous et à clef (clef de Ripert)
- le fifre à 7 trous et à clef
Un fifre bien percé, quel que soit son type, doit couvrir 2 octaves et une quinte juste ; il doit permettre, dans le grave et le médium, de faire sonner, en plus des notes de l'échelle de ré majeur, les altérations sol dièse, la dièse et do bécarre. Les fifres à clef doivent, en outre, pouvoir faire sonner le ré dièse / mi bémol, dans les 3 registres
LE FIFRE A 6 TROUS
Le plus simple de facture, c'est celui qui, en roseau ou en bois tourné, est utilisé dans la tradition par exemple des joueurs de fifre girondins, qui l'utilisent actuellement dans le ton de mi bémol. Il possède, notons-le, s'il est de bonne facture la même tessiture que les autres fifres (voir tablature)
LE FIFRE A 7 TROUS
Le 7e trou (ou trou de pouce), le 2e en partant de l'embouchure, celui qui est bouché par le pouce de la main gauche, permet, par rapport au fifre à 6 trous, une variation ou facilité de doigté pour le passage du si au do naturel (do bécarre) . Il assure une meilleure justesse au do bécarre, dont le doigté est assuré en bouchant uniquement le 1er trou (index de la main gauche) . Il facilite par là même le passage du si au do bécarre et permet le trille si / do bécarre. Le trou de pouce permet d'avoir le même doigté pour le do bécarre des 2 octaves. Il n'empêche nullement d'utiliser en le bouchant avec le pouce, les doigtés en usage sur le fifre à 6 trous ainsi que l'usage (pouce bouché) du demi trou pour le do bécarre (voir tablature).
En conclusion, les possibilités et la tessiture du fifre à 7 trous sont les mêmes que celles du fifre à 6 trous ; seuls les doigtés diffèrent.
LE FIFRE A CLEF, A 6 OU 7 TROUS
La clef de RIPERT permet en l'ouvrant, de faire sonner le ré dièse / mi bémol elle n'est fermée que pour les ré bécarre et les fa dièse, sol dièse, dans l'aigu (selon les instruments) .
Dans tous les autres cas, elle reste ouverte, le petit doigt y prenant appui, assurant ainsi la stabilité de l'instrument. Elle ne sert donc pas pour faire de "nombreux chromatismes", ni pour "monter dans l'aigu" comme cela a pu être écrit également.
FONCTIONNEMENT DU FIFRE
Éléments de compréhension pour l'émission des sons.
L'émission des sons sur cette flûte répond aux lois de l'acoustique des tuyaux. Quelle en est l'application au fifre ?
Nous le savons, le fifre est un tuyau fermé à une extrémité, comportant une embouchure par laquelle on souffle, et 6, 7 ou 8 trous (clef) pour les doigtés.
En posant les doigts sur les trous, nous faisons varier la longueur du tuyau.
Dans le fifre, comme dans toutes les flûtes, le tuyau sert de résonateur et c'est le biseau de l'embouchure qui, grâce au souffle de l'instrumentiste, met la colonne d'air contenue dans le tube, en vibration. Dans le cas du fifre, et des flûtes traversières, en général, l'instrumentiste dirige lui-même le filet d'air sur le biseau, grâce à l'ouverture qu'il ménage entre ses deux lèvres. Le jet d'air bute contre la paroi de la flûte au niveau de l'embouchure et se met à osciller de part et d'autre.
La colonne d'air contenue dans le tuyau est alors excitée ; un mouvement vibratoire se produit dans celui-ci et le tuyau résonne. Notre bouche ou la "cavité buccale" elle aussi va intervenir dans la qualité de la production sonore. Selon sa forme, selon la position de la langue, le résonateur "bouche" a une influence sur le timbre et le volume du son produit.
Tous les trous bouchés, vous obtiendrez le son fondamental et les 6, 7 ou 8 trous permettront d'obtenir autant de sons fondamentaux. C'est l'étendue du 1er registre du fifre (registre grave).
Les sons du 2e registre (médium) sont obtenus avec sensiblement les mêmes doigtés (voir tablature), mais l'air sera dirigé plus horizontalement sur le biseau, bref, on changera la façon de faire vibrer la colonne d'air. Le tuyau fera entendre alors les premiers harmoniques des sons fondamentaux.
Le registre aigu se fera entendre en faisant évoluer encore le mode d'excitation du tuyau; pince plus forte, intervention accrue du diaphragme, etc... Ainsi, à cette nouvelle excitation répondra l'émission d'autres harmoniques ou partiels des sons fondamentaux. Ces sons harmoniques n'étant pas "justes" - sans nous étendre ici sur la notion de justesse - ils devront être rectifiés par une série de doigtés dits de "fourche" (voir tablature) .
Inutile de dire que le musicien devra intervenir sans cesse pour rectifier la justesse, le timbre, le volume, etc... par exemple en couvrant ou en découvrant l'instrument. Il faut bien connaître son instrument et sa façon de réagir, s'adapter sans cesse et, en premier lieu, bien maîtriser le souffle et donc la respiration, aspects qui pourraient faire l'objet d'un autre chapitre.
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