La chalémie est en fait la version européenne des nombreux instruments à anche-double répandus de la Chine au Maghreb. Il est probable que c'est par l'Espagne musulmane que l'instrument a pénétré le monde occidental. Il était peut-être joué selon la technique courante en Orient de la respiration circulaire (technique de respiration pour les instruments à vent : les joues gonflées servent de réservoir d'air pendant que le musicien respire par le nez. Cette technique, d'origine asiatique, était utilisée pour les instruments de la famille de la chalémie. Elle est toujours utilisée sur les instruments orientaux, ainsi que par certains musiciens de jazz.)
Les lèvres du musicien viennent s'appuyer sur une pièce en bois couvrant en partie l'anche: la pirouette.
Ce haut-instrument était utilisé en plein air, parfois couplé à une cornemuse (comme on le pratique toujours en Bretagne: bombarde et biniou).
A partir du XIV°s., il est souvent utilisé en ensemble ou Alta Capella.
Peu à peu la manière de tailler les anches a évolué: celles-ci, plus fines, mieux maintenues entre les lèvres serrées du musicien, ont permis l'évolution vers un instrument moins perçant et plus stable, au jeu facilité par une puis plusieurs clés : la BOMBARDE. Il ne faut pas confondre celle-ci avec l'instrument traditionnel breton qui porte le même nom.
La chalemie (ou chalemelle, ou chelemele, du latin calamus : « roseau ») est un instrument à vent à anche double qui est probablement originaire du Moyen-Orient, et qui est considéré comme l'ancêtre direct du hautbois. Comme celui-ci, la chalemie a une perce conique ; mais cette perce, ainsi que le pavillon et les trous sont plus larges et l'instrument comporte un disque en bois – appelé pirouette sur les chalemies européennes (ce terme figure dans l'Harmonie universelle de Marin Mersenne, 1636) – qui soutient les lèvres et, sur les instruments asiatiques, les maintient écartées de l'anche. Destiné à être jouée en plein air, la chalemie possède une sonorité puissante.
D'origine très ancienne, la chalemie est largement diffusée en Europe par l'islam, du ixe au xiie siècle. De nombreuses variétés de cet instrument sont encore jouées, sous des noms divers : ́sahnāī (shahnāī, shehnāī) en Inde du Nord et nāgasvaram (nagasuram, nāyanm) en Inde du Sud, suona en Chine, surnāy en Asie centrale, sornā en Iran et en Afghanistan, zurna en Syrie, en Irak, en Turquie, en Arménie, au Daghestan, en Azerbaïdjan, zournas en Grèce et en Bulgarie, zurla dans les Balkans, surla en Roumanie, zukra en Tunisie, zū rnā en Algérie, raita au Maroc et en Libye, mizmā r en Égypte...
En Europe, la chalemie a été largement utilisée pour accompagner les danses et dans les musiques de cérémonie. Des instruments de diverses tessitures, de la chalemie soprano à la chalemie contrebasse, ont été construits au xvie siècle. Bien qu'elle ait décliné en Europe après le xviie siècle, elle a survécu en Espagne, modernisée avec un mécanisme de clefs complet, sous les noms de tenora (ténor) et de tiple (soprano), qui sont devenus les instruments principaux de l'orchestre (cobla) accompagnant la sardane, danse nationale de la Catalogne. Son étendue couvre à peu près deux octaves.
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