QU'EST-CE QUE LA CONTREDANSE ANGLAISE?

Page couverture de The English Dancing Master / 1651

 

Les premières contredanses anglaises (English Country Dances) furent décrites par John Playford, dans la 1ère édition de The English Dancing Master, publiée à Londres en 1651. Playford était un libraire et possédait une boutique près de la porte de l'église de  l'Inner Temple. Dans la préface de son recueil, Playford disait ceci:  

To the Ingenious Reader  

                  The Art of Dancing called by the Ancient Greeks Orchestice, and Orchestis, is a commendable and rare Quality fit for yong Gentlemen if opportunely and civilly used. And Plato, that Famous Philosopher thought it meet, that yong Ingenious Children be taught to dance. It is a quality that has been formerly honoured in the Courts of Princes, when performed by the most Noble Heroes of the Times! The Gentlemen of the Innes of Court, whose sweet and ayry Activity has crowed their Grand Solemnities with Admiration to all Spectators. This Art has been Anciently handled by Athenaeus, Julius Pollux, Caelius Rhodiginus, and others, and much commend it to be Excellent for Recreation, after more serious Studies, making the body active and strong, gracefull in deportment, and a quality very much beseeming a Gentleman. Yet all this should not have been an Incitement to me for Publication of this Worke (knowing these Times and the Nature of it do not agree) But that there was a false and surrepticious Copy at the Printing Presse, which if it has been published, would have been a disparagement to the quality and the Professors thereof, and a hinderance to the Learner: Therefore for prevention of all which, having an excellent Copy by me, and the assistance of a knowing Friend; I have ventured to put forth this ensuing Worke to the view, and gentle censure of all ingenious Gentlemen lovers of this Quallity; not doubting but their goodness will pardon what may be amiss, and accept of the honest Intention of him that is a faithfull honourer of your Virtues, and

                                                                                       Your servant to command
                                                                                                           John Playford

Cette édition initiale contient la description de cent cinq danses sociales qui étaient populaires en Angleterre, au moment de la publication de l'œuvre. La musique qui convient à chaque danse y est aussi présentée. Ces danses étaient pratiquées par la noblesse et par la bourgeoisie du pays, surtout dans leurs résidences de campagne (Country Houses), car ils fuyaient le plus possible les grandes villes à cause des désordres nombreux et des maladies infectieuses qui s'y propageaient trop facilement.

Il y eut plusieurs éditions subséquentes de ce livre sous le nouveau titre The Dancing Master que lui et son fils Henry publièrent jusqu'au milieu du XVIIIème siècle. En tout 1053 danses y furent décrites à l'aide d'une méthode particulière, ce qui permet encore aujourd'hui de reconstituer et d'exécuter ces danses avec un maximum d'authenticité.

Durant tout le XVIIIème siècle, plusieurs auteurs anglais publièrent divers documents décrivant des Country Dances. À ce sujet il est possible de citer entre autres, Nathaniel Kynaston (1683-1757), John Walsh (1713-1765), David Rutherford (1748-1775) et Peter Thompson (1755-1799). L'auteure anglaise Jane Austen (1775-1817) aborde la Country Dances dans ses divers romans, entre autres dans Sense and Sensibility (1811), Pride and Prejudice (1813), Mansfield Park (1814).

Au XIXème siècle, ces danses furent moins pratiquées. La vie plus austère ainsi que les valeurs morales répressives de l'époque Victorienne (1837-1901), ne laissait pas beaucoup de place à la danse, considérée comme contraire aux bonnes mœurs.

Toutefois, au début du XXème siècle, Cecil Sharp (1859-1924) entreprit, à Londres, de reconstituer les danses décrites par Playford père et fils, ainsi que par d'autres chorégraphes et de les réintroduire dans la société anglaise. Sharp fit plusieurs recherches autant en Angleterre qu'aux États-Unis et publia The Country Dance Book, ensemble de six fascicules décrivant ces danses. En 1911, Sharp fonda The English Folk Dance Society. Quelques années après sa mort, soit en 1930, cet organisme établit son siège social à Londres, au Cecil Sharp House, puis changea de nom pour devenir The English Folk Dance and Song Society, en 1932.

Après la mort de Cecil Sharp, plusieurs personnes poursuivirent le travail de recherche, de reconstruction d'anciennes danses et même en écrivirent des nouvelles, tout en respectant les caractéristiques des anciennes. On parle des danses dans le style de celles publiées initialement par John Playford "Playford Style Dances". Parmi ces personnes les plus connues citons pour l'Angleterre Pat Shaw, Nicholas Broadbridge, Charles Bolton et  Colin Hume.

Certaines personnes vivant hors de l'Angleterre participent aussi à ce travail de diffusion; aux États-Unis, mentionnons entre autres les noms de Gary Roodman, Fried de Metz Herman, Scott Higgs, Helene Cornelius et Gene Murrow, alors qu'en Belgique on retrouve Philippe Callens

La région de la Nouvelle-Angleterre est particulièrement active dans la promotion de l'English Country Dance. Une association importante The Conutry Dance and Song Society (CDSS) fut fondée en 1915, au Massachusetts, avec l'aide de Cecil Sharp, afin de promouvoir la danse anglaise dans cette région des États-Unis. Depuis 1978, Bare Necessities, un ensemble musical composé de quatre musiciens américains, a enregistré plusieurs disques compacts de musiques pour la contredanse anglaise.

Dans le monde, il y a deux endroits où il est possible de s'adonner en français, à la contredanse anglaise, à Paris et à Montréal.