La Danse dans les Fêtes

De tous les temps les fêtes populaires ont semblé être le moment privilégié pour la danse dans toutes les civilisations, primitives ou contemporaines. Chez l'homme primitif, les périodes du solstice d'été et d'hiver semblent avoir été particulièrement favorisées pour la réalisation de festivités qui présentaient parfois un caractère rituel. Le solstice d'été semble, des deux, être celui qui fut le plus privilégié pour la tenue de bals et de fêtes populaires. Le mois précédant le solstice d'été, le mois de mai, est cité par tous les historiens de la danse comme étant celui qui a donné naissance à plusieurs fêtes.

Des descriptions, des gravures et des peintures du Moyen-Âge permettent aujourd'hui de reconstituer, en partie, ces fêtes. La fête de mai débutait habituellement par le choix d'un arbre que l'on baptisait le "mai" et qui était situé à l'intérieur du village ou dans une clairière située près du village. Ce "mai" constituait en quelque sorte l'élément principal de la fête autour duquel s'exécutaient toutes les danses.

Selon les siècles et les civilisations, ce "mai" s'est transformé. Parfois on choisissait un arbre déjà en place, libre de feuilles et de branches à sa base, mais touffu à sa cime. Parfois le rituel consistait à planter dans le village un arbre de la forêt la plus proche. Parfois ce "mai" était simplement un mât que l'on plaçait sur la place publique du village. Quelque soit le rituel de départ, la tradition consistait ensuite à décorer ce "mai" de guirlandes, de banderoles et de fleurs, afin de lui rendre un hommage particulier. Ensuite durant un mois complet, on organisait la fête et on dansait en rond autour du "mai".

Des documents permettent de situer cette fête comme étant une des plus vieilles fêtes populaires de l'homme. Une statuette de terre cuite, retrouvée à l'île de Chypre et datant du VIe siècle avant Jésus-Christ, illustre justement l'exécution, par trois personnes, d'une ronde autour d'un arbre. Cette statuette permet donc de croire à l'existence d'une danse de mai à cette époque. C'est durant cette époque que se sont répandus dans toute l'Europe les Celtes.

Or le calendrier celte était divisé en trois cycles. Le premier débutait le premier novembre et consistait à faire festoyer les esprits. Le second cycle débutait dans la nuit du 30 avril et durait tout le mois de mai, c'était la "Beltine". Le troisième, en août, était celui des récoltes, donc de la mise à mort des plantes où les esprits s'étaient incarnés. L'esprit du blé était incarné par un animal mythique, ours, chien, lièvre, coq, que les moissonneurs poursuivaient en avançant dans les champs en coupant les pattes (tiges de blé).

Lors de la Beltine, il était de tradition de procéder à l'érection d'un mât enrubanné sur la place commune et au choix d'une reine de mai. Les Celtes s'étant déplacés de l'Europe centrale vers toutes les directions, péninsule ibérique: îles britanniques, Italie et les Balkans, il est facile de supposer que la statuette retrouvée à l'île de Chypre soit d'origine celte. La tradition celtique de célébrer le mois de mai s'est donc répandue dans toutes ces régions de l'Europe jusqu'aux portes de l'Asie. Ce rite de mai constituait, pour la culture celte, une façon de célébrer la renaissance de la nature au printemps après l'engourdissement de l'hiver. L'arbre ou le mât, c'est-à-dire le "mai", symbolisait l'esprit de la nature à qui l'on rendait hommage et à qui l'on commandait la fertilité pour une bonne récolte durant l'été.


La danse du "mai"

La tradition moyenâgeuse de la fête du "mai" est donc la poursuite de la tradition celte. Cette coutume s'est perpétuée avec les siècles et les millénaires. Même Si le sens de la fête s'est transformé au fil des siècles, la tradition de danser autour du "mai" s'est poursuivie. Chez les Romains, cette fête était consacrée à Vénus et les danses étaient exécutées par les plus belles filles du village, qui s'étaient couvertes de fleurs en l'honneur de Flora, la déesse des fleurs et la mère du printemps. Chez les Grecs, les jeunes filles dansaient aussi une danse des fleurs nommée Anthema.

A la Renaissance, on retrouve, en France, la danse des Olivettes qui consistait à tresser et à détresser autour du mât les rubans fixés au sommet, en exécutant certains mouvements qui ressemblent étrangement à ceux exécutés lors de la grande chaîne dans les danses québécoises. Dans certaines autres régions de l'Europe, on nommait cette danse la danse des Cordelles. La fête de mai, les traditions qui s'y rattachent et la danse des Cordelles se retrouvent même jusqu'en Angleterre. Certains historiens anglais prétendent qu'elle serait plutôt d'origine mauresque, donc plus récente, car les Maures ont envahi l'ouest de l'Europe entre le VIle et le Xllle siècle. Une colonie de Maures se serait établie en Angleterre et y aurait, selon cette théorie, implanté la fête de mai. Quoiqu'il en soit, celte ou mauresque, la fête de mai existait en Angleterre avec une teinte locale toutefois. En effet on choisissait un "Lord" et une "Lady" de mai qui étaient personnifiés par Robin Hood et Lady Marian. Les danseurs attachaient des petites clochettes à leurs chevilles, genoux et parfois à leurs bras. Des plumes et des guirlandes complétaient le costume des danseurs. On y dansait "Greensleeves", la danse de mai ou "Sellenger's Round", qui signifie en réalité "St-Leger's Round", une des plus vieilles danses anglaises existant encore de nos jours.

Toutefois, la fête de mai n'était pas la seule fête qui favorisait chez nos ancêtres la participation à la danse. Les naissances, les mariages, les funérailles, c'est-à-dire toutes les occasions où l'on changeait de condition ou de statut, donnaient lieu à des réjouissances où la danse régnait en maître. Les rites d'initiation, chez les primitifs, se sont peu à peu transformés au fil des siècles pôur constituer au Moyen-Age et par la suite un moment de réjouissance et de fête. Les fêtes en l'honneur des dieux et des déesses furent aussi largement célébrées.

Les fêtes du peuple étaient très différentes des fêtes de cour. Celles-ci étaient généralement plus solennelles et les danses que l'on y pratiquait étaient nécessairement à l'image des fêtes. Les danses lentes, graves et solennelles (basses danses) constituaient la majorité du répertoire des fêtes au Moyen-Age et à la Renaissance. On y retrouvait très peu de danses vives. Les costumes lourds et souvent rigides ne permettaient pas des ébats trop rapides. On y portait souvent le masque.

**** par France Bourque et Michel Landry



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