C'est toutefois chez les Égyptiens que la danse a atteint ses premières formes réellement organisées. Il est important de signaler que la danse a quand même conservé ici ses valeurs religieuses et sociales acquises chez l'homme des cavernes. C'est surtout sa forme et ses buts qui ont subi une évolution. Sur le plan de la forme, on retrouve ici des danses moins instinctives, moins spontanées, plus préparées, plus organisées. C'est d'ailleurs aux Égyptiens que l'on accorde l'invention de l'art de la chorégraphie, c'est-à-dire l'art de décrire sur papier ou papyrus, à l'aide de caractères ou de symboles, des danses. C'est en Égypte aussi que l'on retrouve les premières danseuses professionnelles que l'on nommait Awalim, c'est-à-dire "sages ou éduquées". En général elles étaient des esclaves dont le travail consistait à divertir le maître. Sur le plan des buts poursuivis par la danse à cette époque, elle était de moins en moins utilitaire dans la vie de l'homme, c'est-à-dire qu'elle perdait de plus en plus son caractère concret pour tendre vers l'abstraction.
On retrouve plusieurs manifestations de la danse en Égypte de cette époque: peintures murales, bas-reliefs, vases et hiéroglyphes. La danse s'exécutait en solo ou en groupe. Il n'apparaît pas encore à ce niveau des danses de couple. Les Égyptiens vénéraient Bès comme le dieu de la danse. Ils pratiquaient la danse astrale, c'est-à-dire des danses illustrant le mouvement des planètes et les danses de fertilité. Tout comme chez les primitifs, la religion a joué un rôle important en Égypte et la danse était un moyen privilégié pour rendre hommage aux dieux. Les Awalims étaient aussi utilisées à ces fins religieuses, pour illustrer les croyances et les rituels.
On y retrouve encore ici deux principaux types de danse: la danse religieuse et la danse en tant qu'amusement social. La danse, activité d'amusement social, était perçue comme impie et perverse et était condamnée par la religion hébraïque. La danse en tant que pratique religieuse était l'expression de la joie et d'une action de grâce pour la délivrance du peuple. Les deux sexes dansaient séparément. La majorité des termes utilisés dans la Bible nous laisse supposer que dans sa forme la danse d'alors était pratiquée surtout en cercle. Les participants étaient choisis parmi les plus vieux citoyens possédant un passé irréprochable. C'était une marque d'honneur et de dignité que d'être choisi pour la danse chez les Hébreux.
LA DANSE AU FIL DES AGES
 
GENERALITES
 
Danseuses égyptiennes à un banquet
Non loin de l'Égypte, de l'autre côté de la mer Rouge, les Hébreux s'adonnaient aussi à la danse. Si l'on ne retrouve pas ici de murales, ni de bas-reliefs pour en témoigner, on peut toutefois retrouver dans l'Ancien Testament de nombreuses références à la danse: "David et toute la maison d'lsraël dansaient devant l'Éternel." (2 Samuel, 6:14); "Alors la Vierge se réjouira dans la danse." (Jérémie, 31:13); "Louons Son nom dans la danse, chantons-lui des louanges." (Psaume 149,1:3). En plus le sujet de Salomé dansant devant le roi Hérode et celui des Hébreux dansant autour du veau d'or ont inspiré plusieurs peintres durant des générations.
Salomé dansant devant le roi Hérode
**** par France Bourque et Michel Landry