Un voyageur qui en vit exécuter une nous communique le plan qu’il essaya de tracer des divers détours que firent les danseurs. C’est effectivement un véritable labyrinthe qui peut exercer la patience de notre lecteur, s’il veut suivre avec une pointe une des routes tracées, à partir de l’entrée, et chercher à parvenir au centre.
Un jeune homme, précédé d’un fifre ou d’un tambour, mène la danse, en tenant de la main gauche le bout d’un mouchoir ou d’un ruban dont une jeune fille tient l’autre bout. Tous les autres se tiennent aussi par un ruban ou par un mouchoir.
Le conducteur en tient un de la main droite, qu’il agite en tous sens, en lui faisant suivre les différents mouvements qu’il imprime à la chaîne. Plus la file est longue, plus il y a de plaisir à la voir suivre tous les tours et détours auxquels la soumet celui qui la dirige. Tantôt le conducteur court droit devant lui, tantôt, se tournant tout-à-coup et successivement à droite et à gauche, il fait faire à la chaîne des tours et des détours qui représentent et imitent parfaitement les contours d’un labyrinthe.
Ensuite, et ceci est le plus frappant, tous les danseurs élevant leurs bras sans rompre la chaîne, le conducteur, qu’on peut appeler Thésée, passe et repasse, en silence, et comme avec une sorte de crainte, suivi de la personne qu’il tient par le mouchoir, et après bien des essais, sort enfin tout joyeux et en sautant d’entre les bras des deux derniers de la file, en agitant son mouchoir libre, comme le fil qui lui a servi de conducteur à travers ce dédale.
La dernière figure imite parfaitement le peloton dont Thésée se servit pour sortir du labyrinthe : la personne qui forme le dernier anneau de la chaîne s’arrête et ne remue plus ; le chef de la file tourne autour avec le restant de la farandole, et chacun successivement s’arrête à mesure qu’il parvient à ce noyau.
Bientôt, de cette manière, la chaîne ne forme plus qu’un gros peloton qui tourne quelque temps en rond et comme sur lui-même. Après cela, le conducteur tire vers lui en courant le premier qu’il tient par la main, celui-ci son voisin, et ainsi des autres ; on croit voir alors Thésée dévidant le peloton que lui a donné Ariane, à mesure qu’il s’enfonce dans les détours du labyrinthe ou qu’il parvient à en sortir.
Source :
La France Pittoresque
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GENERALITES SUR LA DANSE