La Pâques : Les feux de Pâques, par-dessus lesquels on saute ou autour desquels on danse la ronde semblent avoir des origines très anciennes ; au XVIIe siècle les autorités chrétiennes demandaient leur suppression en tant que rituels païens.
Pour célébrer la résurrection on allume en Roumanie les "feux de veille" qui brûlent tout au long de la nuit. En Bucovine ils prennent la forme de feux de branche de sapins, placés sur les hauteurs. En Transylvanie, on fait rouler une grande roue allumée du haut de la colline. Pendant ce temps, l'on prépare le panier destiné à être béni. Il comprend des oeufs peints, du fromage, du beurre, du raifort (utilisé comme médicament pour les ovins ou les bovins), "iarba mare" (plante qu'on mélange à la nourriture des bêtes pour qu'elle donne plus de lait), de l'ail (avec lequel on frotte le corps des malades), du basilic, de l'encens (qui sera brûlé dans des moments difficiles ou au chevet des malades) et un cierge. Le matin de la Résurrection l'on met dans une bassine de l'eau fraîche de fontaine un oeuf rouge et une pièce d'argent. Le rituel de purification par l'eau est ensuite complété par l'utilisation de l'œuf rouge avec lequel on frotte ses joues pour être en bonne santé et avoir "les joues rouges comme l'œuf" et la pièce d'argent pour être beau et pur comme l'argent. Les jeunes filles disent aussi "que je passe dans la ronde, d'une main à l'autre comme la pièce d'argent ; que je sois légère comme la coquille d'œuf qui flotte sur l'eau". Dans certains villages, on met dans la bassine un brin de basilic aussi, pour être honoré comme le basilic (important dans le rite orthodoxe, avec l'eau bénite dans le rituel de bénédiction). L'on s'habille ensuite de vêtements nouveaux et le chef de famille porte le panier pour l'office, après minuit, de la Résurrection. La procession fait le tour de l'église trois fois, avec des cierges allumées dans les mains, s'arrêtant devant la porte fermée de l'église. Le pope ouvre la porte avec la croix, annonçant "Jésus est ressuscité !" Les cloches sonnent et le pope en bénit les paniers. Nous gardons vifs dans nos esprits le retour de l'église, même en ville, avec des cierges allumés et des fleurs. "La lumière sainte" des cierges doit être maintenue allumés jusqu'à la maison. Le dimanche de Pâques à lieu le repas traditionnel et le rituel avec les œufs : une personne cogne avec son œuf l'œuf d'une autre, aux extrémités, déclarant "Jésus est ressuscité !" Le deuxième répond "Il est vraiment ressuscité !". Le dimanche/lundi de Pâques on honore aussi les morts, allumant des bougies et partagent les mets bénits, au cimetière. Pasca, réalisée avec de la farine de blé, est une pâte au levain, enrichie de raisins secs, de clous de girofle et de cannelle et, selon la région farcie de fromage blanc mélangé avec des oeufs battus. Elle est indispensable au repas de Pâques. Dragobetele : C'est l'équivalent de la Saint-Valentin et se déroule la dernière semaine de février. Dragobetele est un jeune (similaire à Cupidon) qui protège l'amour et les amoureux. Traditionnellement, dans cette période les oiseaux choisissent leurs partenaires et fabriquent leurs nids. Martisorul : Martisorul et le nom populaire donné au mois de mars, mois de l'équinoxe de printemps et du nouvel an agraire. Martisorul, dans la tradition populaire est constitué par deux fils, un rouge et un blanc, nattés, noués autour d'une monnaie pièce d'argent (ou, plus tard, une petite fleur un sujet ; il a évolué au cours du temps, de nos jours mêmes les artistes en confectionnent des petites merveilles, en différents matériaux). Il se portait attaché au poignet ou sur la poitrine, telle une médaille. L'on considérait que les porteurs du martisorul, filles ou garçons, adultes ou enfants, seront caressés par le soleil, en bonne santé, et qu'ils auront de la chance. Cette coutume constitue un aspect du scénario rituel de renouvellement du temps avec l'arrivée de printemps. Symboles du printemps, le 1er mars, le premier jour du printemps, on offre aussi des fleurs de la saison, notamment des perce-neige. Le Martisor offert le 1er mars se portait parfois jusqu'à la vue du premier arbre en fleurs. |
La légende lie Martisor à Baba Dochia (la vieille Dochia), une méchante belle-mère qui envoie sa belle-fille à la fin février lui cueillir des fraises de bois mûres. La jeune fille, aidé par Dieu, en trouve et les rapporte à sa belle-mère. Voyant cela Dochia croit que le printemps est arrivé et par amener ses chèvres et ses ovins à la montagne. Par précaution elle enfile neuf manteaux en mouton retourné. Les caprices du printemps font qu'elle se débarrasse peu la peu de ses neuf manteaux. Le neuvième jour le gel la surprend avec ses bêtes.
Il y a donc aujourd'hui neuf "Babe". L'on choisi un des neuf jours. Ce sera notre "baba". Selon que le jour sera ensoleillé ou gris, l'on considère que la nature et l'âme de la personne qui l'a choisie à l'avance en sera déterminé (un jour ensoleillé apportera une année de chance et une âme pure, un jour pluvieux apportera une mauvaise année et un coeur de pierre). Une autre variante de la légende de Dochia est "Dochia et Trajan", qui raconte la formation du peuple roumain par l'union des Daces et des Romains. Dochia est la fille du chef dace, Decebal. Après la conquête de la Dacie, Trajan souhaite l'épouser pour donner l'exemple et assurer l'assimilation du peuple Dace. Amoureuse d'un autre, Dochia se réfugie dans la montagne ; poursuivie par Trajan, elle demande au dieu Zamolxis de la transformer en roche, ce qui arrivera. Mucenicii : La fin des journées de Babe est marquée par le jour des Mucenici (Saints). Les femmes préparent alors les Mucenici, des viennoiseries en forme d'abeille ou formes anthropomorphes, qui sont rapportés à l'église et partagés aux pauvres. L'on fait aussi une plus grande pâtisserie représentant a un visage humain sans yeux, appelé Unita. Enduite de miel elle est destinée aux enfants ou partagé pour l'âme des morts qu'on a pas commémoré pendant l'année. Rusaliile : Cinquante jours après les Pâques on fête Rusaliile. La fête populaire a été superposée à la fête chrétienne Domenica Rosarum (le dimanche des Rameaux) moment lié à l'abondance végétale de l'été, où l'on décore les maisons de rameaux. Le mythe païen des Rusalii assimile celles-là à des personneages féminins, quasi maléfiques (confondues parfois avec Ielele) qui exécute une danse de grande beauté. Elles dansent en cercle pendant la nuit et si une personne les aperçoit où si elle marche à l'endroit où elles ont posé leurs pieds (l'herbe est brûlée), cette personne tombe malade, on dit qu'elle a été "prise par les Rusalii". Dans la zone du Timoc (c'est un cas isolé) les femmes pratiquent une danse frénétique, avec des chutes dans un sommeil hypnotique. Dans la Dobroudja romanisée, c'était la fête des roses (Rosalia) à la fin du printemps, en relation directe avec le culte des morts. Ielele : Ielele sont des créatures féminines surnaturelles de la mythologie roumaine ; on ne peut pas leur établir un profil précis, à cause de la grande diversité de variantes folkloriques. Le plus souvent, elles sont décrites comme des jeunes femmes avec un grand pouvoir de séduction et des pouvoirs magiques (les mêmes attributs que les Nymphes, Dryades ou les sirènes). Elles apparaissent la nuit, à la lumière de la lune et exécutent leur ronde dans des endroits reculés (clairières, rives...). Elles dansent les seins nus et les cheveux défaits. Les endroits qu'elles touchent sont brûlés. Parfois elles apparaissent comme "fantômes" immatérielles, ayant l'aspect illusoire de jeunes femmes. Le folklore les décrit comme vindicatives, sans être structurellement des êtres maléfiques. En Olténie elles apparaissent par trois, ailleurs en groupes de sept. Elles se vengent uniquement si elles sont provoquées, offensées ou seulement aperçues pendant leur danse. Entraînant celui qui les aperçu dans leur danse frénétique elles le rendent fou. Contre cela, le peuple a des moyens préventifs (les feuilles d'absinthe ou l'ail porté à la ceinture ou au chapeau) ou des remèdes exorcistes comme la danse des Calusari. Les Calusari d'Olténie. |