LES DEBUTS (Antiquité --> 100 après J.C.).
Les Roumains descendent de 2 grands peuples de l'Antiquité : les Géto-Daces et les Romains. Les Gètes (nom donné par les Grecs), appelés Daces par les Romains, sont apparus dans les régions comprises entre les Carpates et le Danube à la fin de la période néolithique, il y a environ 4.000 ans.
L'empereur Trajan effectua la conquête de cette région de 101 à 106 et créa la province de Dacie. Elle était connue pour posséder d'extraordinaires richesses naturelles, à tel point que l'empereur Trajan supprima tous les impôts dans l'empire parce que la production des mines d'or suffisait à combler "les déficits budgétaires". Elle fut harcelée régulièrement par les envahisseurs. Aurélien décida néanmoins d'évacuer la Dacie et laissa la place aux Goths qui en ont été les maîtres avant les Huns, et ce, jusqu'à la mort d'Attila en 453. Bien plus tard, c'est au tour des Mongols, des Hongrois et des Turcs de s'emparer des provinces de Moldavie, de Valachie et de Transylvanie. Il y a aujourd'hui un point de désaccord concernant la revendication des premiers arrivants en Transylvanie : les Hongrois soutiennent en effet que les Valaques (population romanisée de Dacie évacuée dans le sud du Danube) n'auraient franchi de nouveau le Danube qu'au 13ème siècle, après le passage des Mongols, soit 4 siècles après l'arrivée des Hongrois dans le Bassin pannonien; les Romains, quant à eux, pensent que les descendants des populations romanisées se sont maintenus dans les Carpates pendant les invasions.
UN CARREFOUR DE PEUPLES (100 après J.C. --> 1453).
Le chef dace Décébal (87-106 apr. J.C.) défie Rome. Attiré par les ressources aurifères de Transylvanie, Trajan lance contre lui ses légions (101-106) et finit par le vaincre après plusieurs campagnes. Jusqu'en 271, la Dacia Felix restera une province satellite de Rome, colonisée et latinisée. Mais sous la pression des Goths, l'empereur Aurélien lâche la Dacie et les Vlaques roumains.
Entre le 4ème et le 10ème siècle, l'ancienne Dacie subit le joug de miltiples envahisseurs : Huns, Vandales, Avars, Lombards, Magyars. Seuls les Slaves et les Bulgares se fixent durablement.
Au 11ème siècle, Etienne 1er de Hongrie lance ses moines soldats à l'assaut des Carpates. Avec leurs alliés saxons et les chevaliers teutoniques, Hongrois et Sicules réduisent les Valaques de culture orthodoxe au servage et créent les villes marchandes de Cluj, Sibiu et Brasov. Dans la plaine méridionale, la Valachie et la Moldavie, entre la montagne et la mer Noire, connaissent un rayonnement économique et spirituel. De nombreuses cités et monastères sont construits.
Après une errance de plusieurs siècles, partis de l'Inde, les Roms sont présents en Valachie et Moldavie vers la fin du 13ème siècle. Ils sont presque aussitôt réduits en esclavage (ça va durer 5 siècles!) et retenus sur ces terres roumaines. Ce qui explique qu'aujourd'hui la Roumanie soit le pays d'Europe où les Roms sont les plus nombreux.
L'EMPRISE OTTOMANE (1453 --> 1812).
Après la prise de Byzance en 1453, les Ottomans menacent la Valachie et la Moldavie. Les paysans-soldats moldaves se rebellent avec, à leur tête, des vovoïdes farouches tels Mircea le Vieux et Vlad Tepes. Etienne le Grand (Stefan cel Mare, 1457-1504) parvient à freiner la poussée ottomane, écrasant l'armée turque dans les marais de Vaslui. Mais les Moldaves, comme les Valaques sont finalement submergés. Les Ottomans ne seront définitivement arrêtés qu'à Vienne à la fin du 17ème siècle.
Au 16ème siècle, Moldavie et Valachie passent sous administration turque comme "pays tributaires", largement exploités, mais gardant néanmoins leur autonomie et la liberté de culte. Voïvodes et boyards, pour acquitter l'impôt, réduisent les paysans à l'état de serfs. A la même époque, les popes remplacent le slavon par le ruman dans les textes liturgiques, et celui-ci devient langue écrite. Les cités transylvaines, déjà "industrialisées", maintiennent des relations commerciales avec la Valachie et la Moldavie.
1599-1600 : Mihail Viteazul (Michel le Brave), voïvoide de Valachie, s'assurant la neutralité des Habsbourg, combat les Turcs et parvient à rassembler, de manière éphémère, les 3 principautés de Transylvanie, Moldavie et Valachie avec comme capitale Alba Iulia.
A la fin du 17ème siècle, les Autrichiens refoulent les Turcs au-delà des Carpates, occupent la Transylvanie, soutiennent l'Eglise uniate et contraignent les populations roumaines orthodoxes à se convertir. Ils occupent le Banat en 1715, où ils font venir plus de 40.000 colons lorrains, puis investissent la Bucovine en 1775. Après avoir été rattachée à la Galicie, la Bucovine passe sous l'autorité directe de Vienne en 1848.
Parallèlement, Moldavie et Valachie vont passer pendant près d'un siècle et demi sous administration ottomane directe. C'est l'époque des hospodars (gouverneurs). Grecs phanariotes (de Phanar, quartier de l'aristocratie grecque de Constantinople). La ponction des richesses et les lourds tributs à verser déclenchent de nombreuses jacqueries. Les haïdouks (hors-la-loi) sévissent dans les monts Apuseni, dans le Maramures, dans la région d'Hunedoara. Les familles grecques de Bucarest et lasi se piquent de culture française, lisent Montesquieu et Voltaire, et inoculent à la minuscule bourgeoisie naissante le "poison" du sentiment national. Des "sociétés révolutionnaires" se créent.
L'EMPIRE DES TSARS (1812 --> 1878).
- 1812 : la rivalité russo-turque s'exaspère. L'Empire des tsars se pose en protecteur des populations orthodoxes. Les Russes occupent la Bessarabie et une partie de la Moldavie.
- 1821 : insurrection des "pandours" de Tudor Vladimirescu. Les boyards appellent à la rescousse les Turcs, qui écrasent la révolte. Mais le traité d'Adrianople assure la protection russe. Le général Kisseleff administre les provinces danubiennes et élabore un embryon de Constitution. Navires anglais et français viennent s'approvisionner en blé roumain. Des fils de boyards vont étudier à Paris, tandis qu'une école française est créée à Bucarest.
- 1848 : insurrection nationaliste des "bonjouristes" à Bucarest, soutenue en France par Edgard Quinet et Michelet, et réprimée par les Turcs. La Transylvanie se soulève également. Le tsar Nicolas 1er la remet vite en place. Après plus de 5 siècles, l'esclavage des Roms est enfin aboli en Moldavie puis en Valachie (vous n'en trouverez pas un mot dans les livres d'histoire!).
- 1856 : autonomie des provinces roumaines dans le cadre de l'Empire ottoman, reconnue au traité de Paris.
- 1859 : union de la Moldavie et de la Valachie sous l'autorité du prince Alexandre Ioan Cuza.
- 1861 : l'union prend la dénomination de România (Roumanie).
- 1964 : Alexandre Ioan Cuza institue une loi agraire qui supprime le servage et les corvées; le Code civil français est adopté, l'instruction devient publique et obligatoire.
- 1866 : Alexandre Ioan Cuza est renversé.
L'INDEPENDANCE (1878 --> 1916).
- 1878 : à la faveur du conflit russo-ottoman, l'indépendance de la Roumanie est reconnue au congrès de Berlin.
- 1881 : après l'éviction d'un candidat belge au trône de Roumanie, un ancien lieutenant prussien, Charles de Hohenzollern-Sigmaringen, soutenu par les puissances européennes, est plébiscité. Il devient le 1er roi de Roumanie sous le nom de Carol 1er.
La Roumanie connaît alors une longue période de modernisation : élaboration d'un réseau routier et ferroviaire, développement de la plus ancienne industrie pétrolière du continent... Parallèlement, "magyarisation" forcée des populations roumaines orthodoxes de Transylvanie.
LE TOURNANT DES 2 GUERRES MONDIALES (1916 --> 1945).
- 1916 : la Roumanie entre en guerre aux côtés de l'Entente (Angleterre, Russie, France). Bucarest est occupé. Dans ces conditions, un appui militaire est nécessaire. Une mission, conduite par le général Berthelot (français) réorganise l'armée roumaine avant la grande offensive de 1917.
- 1918 : Bucovine, Transylvanie et Bessarabie sont rattachées à la Grande Roumanie qui passe, en l'espace de 7 ans, de 7,2 à 18 millions d'habitants.
Adhésion de la Roumanie à la Petite-Entente (Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie).
- 8 mai 1921 : création du Parti communiste roumain, un groupuscule qui ne dépassera jamais quelques centaines d'adhérents jusqu'en 1945.
1929-1933 : la Roumanie est touchée de plein fouet par la crise. Grève des ouvriers du pétrole et des chemins de fer.
Codreanu, avocat de Isai, crée la Garde de Fer, organisation d'inspiration nazie. Assassinats de Premier ministre libéral Duca, du fameux historien Nicolae Iorga et de nombreux juifs (pogroms de Moldavie, de Iasi en particulier).
- 1938-1940 : tergiversations du roi Carol II qui finit par interdire les partis. Montée en puissance du maréchal Antonescu, favorable à l'Axe. Montée en puissance de l'antisémitisme, pogroms à Iasi et en Bessarabie.
- 1940 : la Bessarabie et la Bucovine sont occupées par l'URSS, le nord de la Transylvanie revient au dictateur hongrois Horthy (massacres de Roumains et de juifs en Maramures). Pacte pétrolier avec l'Allemagne nazie. Abdication de Carol II. Antonescu se proclame Conducator. Devenue satellite d'Hitler, la Roumanie entre en guerre contre l'URSS. Les juifs et les Roms sont déportés : ceux qui se trouvent sous occupation hongroise sont exterminés dans les camps allemands. Arrachés aux Maramures, Elie Wiezel. La Roumanie d'Antonescu envoie "ses" juifs (notamment ceux de Bucovine et de Bessarabie) dans les camps de Transnistrie; 36.000 Roms sont eux aussi expédiés dans ces steppes arides de Transnistrie, à l'est d'Odessa.
- 1944 : le bloc national démocratique (antinazi) regroupe les partisans du parti social démocrate, du parti national paysan, du parti libéral et du PC. Le roi Michel fait arrêter le maréchal Antonescu. Insurrection victorieuse à Bucarest. La Roumanie passe du côté des alliés.
LA MONTEE DU COMMUNISME (1645 --> 1964).
- 1945 : le gouvernement Radescu (formé des représentants de tous les partis du bloc national) annonce des élections libres. Pressions de l'envoyé soviétique et des communistes roumains dits du groupe de Moscou, Gheorghiu Dej, Anna Pauker. Radescu est "démissionné", remplacé par le chef du Front des Laboureurs, Petru Groza. Les communistes entrent en force au gouvernement.
- 18 novembre 1946 : les élections se déroulent dans un climat d'intimidation. Les communistes et leurs alliés emportent 71% des votes d'un scrutin que les représentants des "partis bourgeois" (libéraux, paysans) considèrent truqué.
- 1947 : le roi Michel, replié à Sinaia, abdique sous la menace; les leaders du parti paysan sont emprisonnés.
- 1948 : la Roumanie devient démocratie populaire (collectivisation des terres, nationalisation des mines, industries et banques, planification). Le paiepment des dettes de guerre correspond à un an de recettes pétrolières. Création de sociétés mixtes roumano-soviétiques. Début d'une longue litanie d'assassinats, de tortures, d'emprisonnements abusifs. La prison de Pitesti au sommet de l'indicible : les torturés sont dressés à devenir tortionnaires avant d'être eux-mêmes liquidés. Le chantier délirant du canal du Danube devient le grand goulag roumain où périront quantité de détenus politiques.
- 1948-1962 : : des milliers de Roumains entrent en résistance. Ils seront vite anéantis. La nation roumaine a su parfois faire preuve d'une grande dignité face à la bestialité du nouveau régime (que l'on disait le pire d'Europe à ce moment-là, URSS hors concours). Quelques paysans armés se cachent pendant des années dans les forêts et les montagnes. Une armée clandestine tient plusieurs années dans les monts Fagaras. Autres hauts lieux de la résistance : Maramures et Bucovine. De plus en plus isolés, laminés par les trahisons et la propagande, les derniers résistants sont liquidés au début des années 1960. Les livres d'histoire sont encore muets sur cette période.
- 1949-1951 : purges dans le parti communiste, menées par Gheorghiu Dej qui personnalise, de plus en plus, le pouvoir et cumule présidence du Conseil et secrétariat du PC.
Les années 1950 sont celles de l'industrialisation à marche forcée et des "grands chantiers" où sont entraînés en camp de travail déviationnistes, militants sionistes, Roumains de souche hongroise, serbe ou croate.
- 1955 : adhésion au pacte de Varsovie.
- 1958 : les Soviétiques, sûrs de leurs alliés, retirent leurs troupes.
- 1961 : rapprochement avec la Chine.
- 1963 : la Roumanie conteste la politique d' "intégration" au sein du bloc.
- 1964 : voyage du Premier ministre roumain Maurer en Italie et en France.
NICOLAE CEAUSESCU (1918 - 1989).
Troisème enfant d'une famille pauvre en comptant 10, le "Danube de la pensée" quitte, à 11 ans, son petit village de Scornicesti pour apprendre, à Bucarest, le métier de cordonnier.
A 15 ans, l'adolescent futur "génie des Carpates" adhère au Comité antifasciste. Arrêté, il va passer 2 ans dans le camp de prisonniers politiques de Doftana. Il devient secrétaire général de l'Union de la jeunesse communiste en 1944, puis vice-ministre de l'Agriculture en 1949. En 1965, à la surprise presque générale, il prend la tête du parti communiste, en remplacement de Gheorghiu Dej, décédé. En prime, la Roumanie, qui n'était "que" démocratie populaire, devient République socialiste.
Notre gentil Valaque fait libérer la plupart des prisonniers politiques, accorde quelques visas pour l'Ouest et soulage les minorités de son sourire. Et M. Ceausescu reçoit et visite beaucoup. En 1968, de Gaulle, qui a rodé la formule l'année précédente au Québec, déclare : "La Roumanie aux Roumains." Succès! Même année, royal, le premier secrétaire n'envoie pas de chars à Prague. En 1970, il reçoit Nixon, dont la grand-maman, du côté maternel, est native de la Marginimea Sibiului.
Patatras! Rentrant de Chine début 1971; "Tchao-Tches-Kou", fortement impressionné par la révolution culturelle, annonce une "lutte plus rigoureuse contre les influences et positions idéologiques bourgeoises". Déjà éprouvée par de catastrophiques inondations en 1970, la Roumanie va pouvoir pleurer toutes ses larmes, et ce, pendant 20 ans. Car le petit cordonnier ne sourit plus, il ordonne!
Dès le plan quinquennal de 1971-1975, le virage est donné : il faut réduire les importations et développer les exportations vers les pays occodentaux. Le remboursement de la dette, projet fou, rend le pays exangue. Un autre projet encore plus dément se développe : la systématisation. Homogénéiser, quadriller et uniformiser le territoire de manière à ce qu'il n'y ait plus ni ville ni campagne, encore moins le reliquat bourgeois de la maison individuelle. Le délire total. Qu'émerge ainsi "l'homme socialiste nouveau", selon les principes du socialisme scientifique! On connaît la suite. En 1984 commence la destruction d'une partie du vieux Bucarest, et cette politique, dite de systématisation, débute dans les campagnes dès 1987, mais ne fait que peu de dégâts.
Décembre 1090, le petit cordonnier serait, semble-t-il, décédé de mort violente...
LA REVOLUTION CONFISQUEE (1990-1999).
Mai 1990, Bucarest ensoleillé n'a plus rien à voir avec les frimas de la "révolution de décembre".
Après nous l'avoir jouée martyre, romantique, en direct à la TV, la "révolution" s'est salie un peu plus chaque jour sous nos yeux : la comédie des bandes d'enregistrement du procès, Târgu Mures et les ratonnades contre la minorité hongroise. On découvre que la "révolution" n'était qu'une manipulation montée avec la bienveillance de Moscou. Un homme intrigue et inquiète : Iloiescu, notable communiste, formé à Moscou par le KGB, qui maîtrise les réseaux de l'ex-Securitate du PC; son apparition à la TV en décembre 1989 serait-elle le fruit du hasard? Son rôle avant, pendant et après les événements inspire bien des interrogations.
En mai 1990, après plus d'un demi-siècle d'abstinence démocratique, c'est pourtant pour lui que les Roumains ont voté. Et, une fois de plus, ils nous ont étonnés. Le comble de la barbarie a été atteint avec la descente des "gueules noires" contre les soi-disant voyous (en fait, les forces démocratiques qui n'acceptaient pas la duperie de la "révolution") qui occupaient joyeusement la place de L'université (les Golani). cet épisode dramatique, dont le président Iliescu et l'x-Securitate sont les instigateurs, a fait une centaine de morts et ternit encore l'image internationale de la Roumanie.
Octobre 1991, les mineurs descendent à nouveau sur Bucarest, cassent de l'intellectuel, de l'étudiant et dévasrent la TV. Les Roumains ont de nouveau voté en semptembre 1992, mais aucune majorité parlementaire n'est sortie de ces élections. Pour gouverner, le président Iliescu a dû composer avec les principaux partis d'opposition, afin d'endiguer l'inquiétante montée des nationalistes. Le président Iliescu a toutefois mené une activité diplomatique remarquable : l'admission de la Roumanie au Conseil de l'Europe en octobre 1993, l'adhésion au "partenariat de la paix" de l'OTAN début 1994, l'acquisition du statut de partenaire associé à l'Union européenne occidentale (l'UEO) et enfin la demande d'adhésion à l'Union européenne en juin 1995.
En novembre 1996, le peuple roumain choisit l'alternance et élit le candidat de l'opposition Emil Constantinescu (membre de la Convention démocratique de Roumanie, représentant de la droite libérale). Pour mettre fin aux habitudes de corruption et d'injustices flagrantes, le Premier ministre Victor Ciorbea, un peu trop intransigeant, entreprend une politique suicidaire de clarté et de justice, ainsi qu'une opération "mains propres" dans les milieux politico-économiques. Une telle audace lui vaut d'être poussé à la démission, début 1997, par l'opposition ex-communiste et par ses partenaires au pouvoir, notamment le parti de Petre Roman. Le président manifeste la volonté de voir son pays intégré à l'OTAN. Par ailleurs, la Roumanie a ratifié, le 28 janvier 1998, la Charte européenne de l'autonomie locale. Cette charte, qui énonce le fondement constitutionnel et juridique de l'autonomie locale, est entrée en vigueur le 1er mai 1998. Dans les faits, il faudra attendre longtemps. La Roumanie est entrée dans le processus d'adhésion à l'Union européenne, qui est devenue le principal bailleur de fonds de ce pays.
1989-1999 : LA DECENNIE DES ESPOIRS BRISES.
Dix ans après la chute du communisme, beaucoup de citoyens semblent refretter les conditions de vie du temps de la dictature. La vie était triste, mais simple. La transition est belle pour les anciens de la nomenklatura qui ont pu, notamment de 1990 à 1996, se constituer des fortunes et occuper la plupart des positions clés de l'économie du pays. Les nouveaux riches étalent un standing et arborent une arrogance qui exaspèrent. La bureaucratie pèse lourdement sur le quotidien des gens, décourageant l'initiative par son inertie et/ou les habitudes de corruption qu'elle contribue à entretenir.
Au cours de ces 10 ans, il y a eu aussi du positif : l'ouverture des échanges humains. Après des années d'isolement, les citoyens roumains ont pu rencontrer librement - ou presque, vu la difficulté - leurs homologues d'autres pays. Cette liberté n'a pas de prix.
L'Union européenne a injecté des sommes colossales en Roumanie, dans tous les domaines : la reconversion de l'industrie, la mise à niveau du cadre législatif, la formation, les routes, le tourisme, les échanges universitaires ou professionnels, etc... Même si l'on prétend que les fonds ne sont pas toujours parvenus où il fallait, ce soutien a été perçu comme une possible voie vers la poursuite des réformes économiques et sociales.
LA ROUMANIE