La Transylvanie

Appelée aussi Ardeal (Erdély, du hongrois Erdö elu - au delà de la forêt), la Transylvanie a des limites assez variables notamment vers le nord-ouest. Avec la Valachie les limites sont tranchantes au long des «Alpes de Transylvanie» et avec la Moldavie des corrections ont été faites à la suite de chevauchements de limites communales.
Au niveau de la limite occidentale, c’est le découpage de l’entre-deux guerres qui a été prédominant. Ainsi vers le Banat, la limite coïncide avec la limite historique alors que la délimitation de Crisana est problématique, surtout au nord-ouest. C’est une variante qui laisse à la Transylvanie le département de Salaj (dont l’assise territoriale ancienne ne coïncide pas avec l’actuel maillage) ainsi que le Tara de Lapus (les huit communes de Vima Mica, Boiu Mare, Coroieni, Cupseni, Baiut, Lapus, Suciu de Sus et la ville de Targu Lapus), dépendant administrativement de Maramures qui a été privilégiée.
Ainsi définie, cette province est la plus étendue, avec 58’756 km2, mais arrive en deuxième position du point de vue démographique avec 4’575’648 habitants (79,2 hab/ km2). Considérée par l’historiographie nationaliste comme étant le berceau de la nation roumaine, la Transylvanie est porteuse d’une très grande valeur symbolique. Sa position à l’intérieur des Carpates lui accorde des atouts dans la construction territoriale de la Roumanie moderne. C’est ici qu’on retrouve une certaine convergence des grands flux économiques et humains mais la concurrence des métropoles polarisantes ainsi que l’existence de quelques clivages ethniques rendent difficile une construction unitaire.
Son centre historique peut être Cluj-Napoca, comme on l’invoque habituellement mais aussi Alba Iulia avec ses atouts symboliques (c’est ici qu’on a proclamé l’Union du 1er décembre 1918 et encore l’endroit ou Michel le Brave proclame l’Unité des pays roumains) ou encore Brasov, voire Sibiu, avec leur prestigieux passé culturel marqué par la minorité allemande, villes par contre un peu défavorisées par leur position marginale. On peut également ajouter Targu Mures à cette liste, le centre traditionnel de la minorité hongroise ou encore Blaj, cité symbole des uniates.
Uniates: En 1596, le gouvernement autrichien persuade l’Eglise Orthodoxe de l’ancienne province de Galicie, située au Nord des Carpates, aujourd’hui la partie sud de la Pologne et de l’Ukraine, d’accepter l’autorité et la protection du Vatican espérant par là-même l’éloigner des influences venant de l’Est, des russes en particulier. Ainsi naît l’Eglise Uniate, aussi appelée Eglise Gréco-catholique. En Roumanie, surtout dans les années 1698-1701, pour affaiblir le pouvoir de la féodalité hongroise largement protestante, Vienne pousse une partie des populations roumaines orthodoxes à rejoindre l’Eglise catholique dans le cadre de l’uniatisme. La nouvelle église ne parvint cependant pas à attirer la majorité des croyants orthodoxes et fut progressivement marginalisée par la suite, même si certains de ses membres s’illustrèrent et exercèrent une grande influence dans le pays. Vers la fin du 18ème siècle, la Scoala Ardeleana (Ecole transylvaine) regroupant à Blaj des membres du clergé uniate et des enseignants, joua un rôle clé dans la revitalisation de la culture roumaine, en particulier pour la reconstruction de la langue roumaine mais plus encore ils réécrirent l’histoire de la Transylvanie roumaine, créant ainsi le socle du nationalisme roumain futur.
Les Uniates adoptent quatre préceptes clés de la doctrine catholique: le Filioque, acceptant que le l’Esprit Saint procède du Père et du Fils alors que la doctrine orthodoxe stipule que l’Esprit Saint ne relève que du Père; l’utilisation de l’hostie et non du pain lors des messes; la notion de Purgatoire, inconnue à l’Est; la suprématie du Pape. Beaucoup d’autres particularités restent identiques à la pratique Orthodoxe (mariage des prêtres, culte de l’icône, rituels et usages divers).
Pourtant la ville de Cluj polarise un assez vaste territoire, dépassant les limites de la province vers le nord-ouest en étant ainsi de loin la ville la plus importante. Au contraire au sud de la Transylvanie on ressent une influence de plus en plus évidente de Bucarest, du moins dans la région de Brasov.


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