Histoire de la République Moldave

L’histoire de la République Moldave est celle d’un petit pays de l’Europe pontique, convoité par ses puissants voisins, Annexée, dépecée de nombreuses fois, la République de République Moldave n’acquiert son indépendance qu’en 1991, plusieurs siècles après la disparition de l’éphémère Principauté de République Moldave.

La courte période romaine et les siècles d’invasions.
La fondation de la Principauté moldave.
Du XVIIIème siècle au début du XXème siècle : la République Moldave, objet de luttes entre l’Empire ottoman, la Roumanie et la Russie.
La Moldavie soviétique.
Depuis l’indépendance : ni Bucarest, ni Moscou.


La courte période romaine et les siècles d’invasions.
Le territoire moldave fut d’abord peuplé par les Daces, un peuple indo-européen apparenté aux Thraces, qui s’étendait sur une vaste zone (Roumanie
actuelle, partie de la Hongrie...). Le Royaume dace est ensuite conquis par l’Empereur romain Trajan (101-102 et 105-106), après une résistance acharnée du roi Décébale, qui finit par se suicider. Les Romains sont chassés par les Goths en 256, mais ils laissent derrière eux l’empreinte du latin et du christianisme. Différents peuples envahissent alors le territoire de l’actuelle République Moldave : les Goths, les Huns, les Gépides, les Avars, les Slaves, les Bulgares, les Hongrois, les Petchénègues, les Coumans et enfin les Mongols ou Tatars (1241), qui contrôlent la région pendant environ un siècle. La langue s’enrichit d’influences slaves. Entre les Xème et XIIIème siècles, les principautés de Valachie et de République Moldave commencent à se former. Le nom de « République Moldave » vient du gotique « molda » (poussière), en raison des eaux sablonneuses de la rivière de la Moldova (pour plus de précisions historiques et étymologiques, se reporter à Alain Ruzé, La Moldova, entre la Roumanie et la Russie, L’Harmattan, 1997).

La fondation de la Principauté moldave.
En 1359, Bogdan Ier fonde la première Principauté indépendante moldave. Les puissants voisins, hongrois et surtout polonais, dont la suzeraineté est reconnue par les princes moldaves aux XIVème et XVème siècles, se livrent à une intense lutte d’influence. Etienne le Grand « Stefan cel Mare » (1457-1504) est toujours associé à l’apogée de la Principauté de République Moldave
, et nombreuses sont les rues portant son nom encore actuellement. Il obtient des victoires sur les Hongrois et les Ottomans, et est appelé par le Pape Sixte IV « l’Athlète du Christ ». Ce n’est que sous la contrainte qu’il choisit de repayer le tribut à l’Empire Ottoman en 1492. Cependant, très vite, l’Empire Ottoman exerce une véritable domination, malgré les révoltes menées par les figures populaires de Jean le Terrible (1572-1574) et de Michel le Brave (1593-1601), prince de Valachie et de République Moldave. La République Moldave demeure la vassale de l’Empire Ottoman qui annexe même des territoires moldaves, et se tourne peu à peu vers l’Empire russe. Ce dernier, en dépit de sa volonté de gagner les mers chaudes et les détroits, demeure cependant encore en retrait et est battu par les Turcs en 1711. Au XVIIIè siècle, le Nord de la République Moldave est incorporée à l’Empire autrichien, sous le nom de Bucovine (1774).

Du XVIIIème siècle au début du XXème siècle : la République Moldave, objet de luttes entre l’Empire Ottoman, la Roumanie et la Russie.
L’Empire russe occupe la région de la Bessarabie entre 1812 et 1856, à la suite de la 6ème guerre russo-turque et de la signature du traité de Bucarest en 1812, le reste de la République Moldave et la Valachie revenant à la Roumanie. Alexandru I Cuza fonde la Roumanie en 1859 par la réunion de la République Moldave et de la Valachie (perte de la guerre de Crimée par les Russes). Mais, la pression des Russes, notamment par le biais d’une colonisation continue, se poursuit. Face au russe, les Moldaves et les Roumains tentent alors de préserver leur alphabet latin, et sont très volontiers francophiles. Le Traité de San Stefano et le Congrès de Berlin incorpore la Bessarabie à la Russie, et ce, de 1878 à 1917, à la suite d’un échange : Bessarabie à la Russie, contre le delta du Danube et la Dobroudja à la Roumanie. A la suite de la Première Guerre mondiale, (durant laquelle la Roumanie s’est finalement engagée aux côtés des Alliés) et de l’effondrement du tsarisme, la Bessarabie se déclare indépendante le 15 décembre 1917, mais face aux menaces extérieures, choisit le rattachement à la Roumanie en avril 1918, entériné par la Conférence de Paris en 1920. La Roumanie réunit alors les trois provinces « millénairement roumaines » : la Valachie, la République Moldave et la Transylvanie. Les Soviétiques ne lâchent pas prise pour autant. Ils créent en effet une République socialiste soviétique autonome de République Moldave en 1924, avec pour capitale Tiraspol (en 1929) sur le territoire de la République d’Ukraine (Transnistrie actuelle). Il faut donc bien distinguer la province roumaine de République Moldave, roumaine depuis 1812, et la République Moldave actuelle, qui, sous le nom de Bessarabie, reste ballottée entre la Roumanie et la Russie.

La République Moldave soviétique.
A la suite du protocole secret du pacte germano-soviétique d’août 1939, les Soviétiques envahissent la Bessarabie en juin 1940. Celle-ci est ensuite reprise entre 1941 et 1944 par les Roumains, devenus alors alliés de l’Allemagne. Des déportations de Juifs et de Tsiganes sont perpétrées en grand nombre. En 1944, les Soviétiques reprennent la Bessarabie, l’annexent et créent ainsi la République socialiste soviétique de République Moldave (Bessarabie et République socialiste soviétique autonome de République Moldave), reconnue par le Traité de Paris de 1947. Toute l’économie est dès lors orientée vers les besoins de l’URSS. La soviétisation comprend également la déportation de Moldaves en Sibérie ou au Kazakhstan et l’imposition du cyrillique. Une théorie est même avancée pour justifier que le roumain et le moldave sont deux langues différentes. Le moldave est désormais écrit en cyrillique. En principe, le différend territorial entre l’URSS et la Roumanie, est clos, puisque les deux Etats étant communistes et amis. Les tensions n’ont pourtant pas disparu, et se cristallisent à la fin des années 1980 : la revendication de la reconnaissance de la langue moldave est au centre des débats. Le Parlement moldave est contraint de reconnaître le moldave comme langue officielle en 1989, le Front populaire moldave est créé, le drapeau moldave reconnu, tout comme la souveraineté moldave le 23 juin 1990.

Depuis l’indépendance : ni Bucarest, ni Moscou.
La République Moldave
proclame son indépendance le 27 août 1991 (fête nationale depuis) et devient membre de la CEI et de l’ONU. Le communiste Mircea Snegur est le premier Président démocratiquement élu. Mais très vite, une guerre civile éclate entre les communautés russophones, majoritairement en Transnistrie, et les populations moldaves. De plus, les Gagaouzes (peuple turc) proclament aussi leur indépendance. La Transnistrie, soutenue par la 14è armée du Général Lebed fait sécession de facto. Un compromis est signé en 1993, après deux ans de combats. Les premières élections législatives pluralistes ont lieu en février 1994. Les Moldaves se déclarèrent pour le maintien d’une République Moldave indépendante de la Roumanie, dans des frontières incluant la Transnistrie. La nouvelle Constitution est adoptée dans la foulée, le 29 juillet 1994. La République Moldave adhère au Conseil de l’Europe en 1995 et à l’Organisation mondiale de la francophonie en 1997. La stabilisation toutefois est encore loin d’être acquise, en raison des tensions toujours vives en Transnistrie. En effet, si le problème des Gagaouzes est résolu (large autonomie et possibilité d’indépendance si la République Moldave se réunifiait avec la Roumanie), la Transnistrie se veut toujours un Etat, sans être reconnue au niveau international. Quant à l’union avec la Roumanie, souvent envisagée juste après l’indépendance, elle ne semble plus être d’actualité aujourd’hui, du moins, à court ou moyen terme. Les problèmes de minorités sont aggravés par la difficile transition économique. Si la République Moldave était le fleuron de l’URSS, elle a « raté » sa transition : le PIB et le niveau de vie par habitant sont toujours inférieurs à ceux de 1989, 10 ans après. La politique intérieure est aussi toujours confuse avec la forte présence des anciens communistes ou de partisans du maintien de forts liens avec la Russie. En 2001, Vladimir Voronin est devenu le nouveau Président.

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