Les danses traditionnelles cusqueñas ou le retour aux sources…
Le « Centro Qosqo de Arte Nativo » (Centre des arts natifs de Cusco) est le premier regroupement de musique et danses folkloriques du Pérou. Fondé en 1924, autour de 70 artistes, son répertoire actuel compte plus de 60 danses andines et des centaines de mélodies traditionnelles. Toutes les danses et musiques présentées sont originaires de la région de Cusco. Certaines, comme le «carnaval cusqueño » remontent à des siècles auparavant. Toutes les danses sont interprétées par des hommes et des femmes aux rôles, costumes et accessoires bien définis. Chaque danse raconte une histoire, une légende et exprime un sentiment ou une idée précise. J’ai retenu ici 4 types de danses différents. La première danse présentée se nomme « Toro baile » (littéralement « la danse du taureau»). Elle exprime la vaillance, l’élégance et la force des hommes, et, par la même occasion, leur domination et leur puissance. Mais, il semble que cette force soit transmise aux femmes durant la danse. Cette danse est aussi une reproduction d’une corrida. Les hommes sont habillés en cavaliers et les femmes « jouent » le rôle du taureau. Il s’agit en fait d’un jeu de séduction, d’une sorte de cour où les hommes montrent leur virilité. Le Carnaval de Quilcara, est originaire de la province de Antabamba, du département de Apurimac (Nord de Cusco). Il s’agit d’une danse festive qui a lieu chaque année et qui réunit tous les habitants des villages de la région. Le dernier jour du carnaval, qui a toujours lieu un mardi est le jour le plus important pour les jeunes hommes célibataires. C’est l’occasion pour eux de s’exprimer par la danse et ainsi de tenter de conquérir les jeunes femmes célibataires, voire de se disputer pour leurs conquêtes. La Checamarka est une danse originaire de la province de Canchis. Elle raconte l’histoire d’une lutte entre les villages de Checacupe et Pitumarca pour l’exploitation de l’eau. Les vainqueurs dans cette bataille pour l’eau sont finalement les femmes des deux villages qui s’unissent et font des hommes leurs esclaves ! La musique de cette chorégraphie est particulièrement rythmée et rapide, afin d’exprimer la confrontation, et la lutte. Les nombreux saut et « zapateos » (coups de pieds à terre) symbolise également la bataille. Le «Carnaval de Tinta», est une des danses de la région dont les costumes sont les plus somptueux. Elle est interprétée lors des carnavals et des fêtes traditionnelles. Il s’agit d’une danse rituelle où les femmes et les hommes se font la cour. Les femmes interprètent des chants aux paroles d’amour pour démontrer leur fertilité et ce sont elles qui l’emportent finalement et « piègent » leur partenaire au moyen de leur “Kandunga”, sorte d’écharpe multicolore. Les costumes sont de toute beauté et très colorés. Les femmes portent ainsi une pollera (jupe) large brodée, un manteaux long garni de duvet, ainsi qu’un chapeau rectangulaire laissé derrière la tête, dont la couleur détermine le statut civil (célibat ou marital). Les hommes portent un pantalon court brodé, un gilet multicolore, un poncho et un bonnet. À l’origine, cette danse était uen façon d’exprimer le culte à l’amour, à la terre et à la fécondité à travers des chorégraphies pleines de couleurs. Il s’agissait notamment d’un moyen d’accroître sa lignée. Comme on le voit, les costumes sont tous d’origine, même s’ils ont évolué à travers la période de colonisation, puis la république. Aucun vêtement ni accessoire n’est laissé au hasard. Au-delà de leur pouvoir décoratif, ils expriment la profession, la nationalité, l’âge, la religion, le statut social, voire les opinions politiques de celui qui les porte. La forme des jupes, des chapeaux, les couleurs, les bottes…etc, sont autant d’indicateurs sur l’identité des danseurs. Les danses traditionnelles péruviennes, et particulièrement ici, celles de la région de Cusco, ont toutes des origines rurales. Elles ont toutes pour thématique l’amour et la fertilité, la relation à la terre et aux éléments naturels. Elle sont en fait reliées au concept de la « Pachamama » (la terre mère, la terre nourricière) thème cher aux incas, ainsi qu’aux peuples des Andes. Le culte de la Pachamama, c’est cette idée que la terre est la source de tout : ce que nous sommes, ce que nous cultivons, ce que nous consommons. Une fois mort, nous retournons à la terre. Finalement, on peut dire que ces danses traditionnelles expriment la Vie, dans sa plus pure simplicité. |
Source : Un pas de côté sur le monde.
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