Les danses des Papous.

LA DANSE DES SQUELETTES.


Le sing sing de ces squelettes ressemble à une danse de morts-vivants. Avant, ces guerriers effrayaient leurs ennemis. Aujourd’hui, ils font plutôt rire les spectateurs.



   LA DANSE DE L'ANIMAL.

A l’origine des temps, l’homme ressemblerait à l’animal et réagirait comme lui, en particulier contre les agressions et les peurs. Malgré une modification constante de ses comportements, celui qui invente, en nombre de plus en plus grand, les outils, les instruments et les machines se souvient de son animalité. Sa mémoire animale surgit plus fortement en certaines circonstances et répond tantôt à des pulsions, tantôt à des actes réfléchis. En outre, l’animal dont il a mangé la chair et qui assume, grâce à la fonction de nourrissement – réel ou symbolique-, le rôle de père ou de mère, en fait de protecteur de son clan, devient un totem. Ainsi , l’homme ne cesse de l’évoquer, puis l’honore pare des cérémonies, des sacrifices et des danses. Mettre enjeu un mimétisme animal, reproduisant par la danse ses transformations, ses processus de camouflage, ses techniques de chasse ou ses états émotionnels, correspond à la volonté de métamorphose de l’homme qui ne cesse d’accompagner sa croissance. Grâce à la danse mimétique, il dépasse les frontières de son humanité et acquiert des pouvoirs. Sa métamorphose d’un moment lui permet de se placer face à sa communauté – ou, s’il s’agit d’un groupe, face à une société différente –comme celui qui vient de rencontrer l’inconnaissable. La danse agirait ici comme un révélation.



LA DANSE DES OISEAUX. Ceux qui vont danser se livrent maintenant à une étrange besogne de nettoyage. Ils balaient une aire ovale qui deviendra la piste de danse et la débarras­sent de toute pierre ou branchette ainsi que des détritus végétaux. En cela, ils ne font que reproduire la manœuvre du Grand Paradisier bleu, au chant très puissant, qui, non seulement nettoie un espace pour sa danse avant la parade amoureuse, mais arrache les feuilles au‑dessus de lui pour que les rayons du soleil atteignent son plumage et des reflets et des chatoiements. L’homme rejoint ensuite la ligne formée par les Huli déjà métamorphosés et colle son épaule à celle de son voisin. Les flûtes de Pan en faisceau entonnent une musique répétitive faite d'une succession d'ac­cords fortement rythmés et ornementés. Les tam­bours à une peau, façonnés en forme de sablier, sont frappés sur un rythme syncopé. Ils émettent un son clair et bref très recherché par les Huli. L'instru­ment prend la voix du Paradisier bleu. Cet oiseau, disparu de la vallée de Wadi, survit encore dans la vallée de Jini en territoire Melpa. Les Huli, après de nombreuses journées de marche, échangent avec les Melpa les plumes de l'aigrette du Paradisier bleu. Au cours d'une cérémonie, ils font brûler à l'inté­rieur du fût du tambour cette aigrette précieuse pour que leur tambour « chante ». Les danseurs chantent eux aussi et poussent des cris brefs, ajoutant ainsi une polyvocalité à l'ensemble. La danse ressemble à une ondulation incessante entrecoupée de sursauts inexplicables. L'un des hommes plie les genoux et se met à sauter sur place sans décoller les orteils du soi. Les autres l'imitent, en veillant toutefois à ne jamais coordonner les mouvements avec ceux de leurs voisins afin de ne pas créer de synchronisation gestuelle. Chez les oiseaux comme chez les humains, l'individu domine le groupe. La tête de chacun des danseurs pivote vers la droite et vers la gauche, tandis que les yeux roulent et deviennent énormes, au centre des cernes du maquillage. Brusquement, l'un d'eux arrête son sautillement et s'immobilise aux aguets. Les autres brisent la ligne droite qu'ils formaient et se groupent autour de lui quelques instants. Puis, les flexions ra ides ou lentes d'un des danseurs reprennent et la ligne se reforme. Les Huli devenus des ancêtres oiseaux ‑ selon un totémisme rigoureux ‑ se comportent comme les volatiles dont ils revêtent l'apparence. Ils se sont changés en Paradisiers de toutes espèces, ceux qui se rengorgent en ébouriffant leur queue comme les Paroti de Wats ou ceux qui se suspendent la tête en bas, comme le Paradisier bleu, pour séduire les femelles.À côté des mâles, les oiseaux femelles font triste mine avec leur plumage terne, sans queue, sans aigrette, sans ces imperceptibles filaments de duvet qui se soulèvent à la moindre brise. Alors, les femmes se réinventent une féminité volatile en créant une véritable mode de plumes et d’éléments marins et végétaux. Enduisant largement leur visage et leur poitrine nue d'huile de l'arbre aux ancêtres elles se passent une épaisse couche de poudre rouge et marquent fortement la place de leurs yeux. Elles portent sous leurs seins et à la hauteur de l’abdomen d'immenses coquillages ronds, les kina, qui deviennent l'emblème de leur fertilité. Puis elles se présentent devant les hommes. Deux lignes se forment qui s'affrontent par des inclinaisons de la tête, des poussées et des retenues de bras et des flexions sur les jambes. Tous miment, dans leur anse, la constitution d'un clan qui marque des hié­rarchies à peine perceptibles. Ils chassent, guettent et se protègent des prédateurs. Ils fuient et se ras­semblent selon les signaux sonores ou gestuels u'ils émettent et, enfin, ils se livrent aux grandes parades amoureuses. La vie de l'oiseau représente la vie du Papou. Lorsque l'aube apparaît, les Huli, épuisés et dont le maquillage se brouille, se dépouillent lentement de leur queue de feuilles fanées et de leur perruque ornée de fourrures d'opossum. Souvent, malgré l'ivresse, ils se rendent à la rivière pour se baigner collectivement.

Source : Géo et Arte


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