La Tarentelle, par Léon Bazile Perrault
La tarentelle est une forme musicale traditionnelle provenant du Sud de l'Italie. Connue dès le XVIIe siècle, elle a probablement des racines bien plus anciennes dans le culte des dieux antiques : certains chercheurs y voient une lointaine descendance des rites dionysiaques.
Particulièrement vivante, cette mélodie en 6/8, accompagnée d'une danse entraînante et joyeuse, était jouée au cours de cérémonies qui pouvaient durer des journées entières, afin de guérir ceux qu'on croyait victimes de morsure d'une araignée, la tarentule. Les qualités thérapeutiques qu'on leur prêtait étaient également le prétexte à perpétuer des danses d'origines païennes dans l'Italie catholique rigoriste du XVIIe siècle. Le ballet de Jean Coralli, La Tarentule (1839), a beaucoup contribué à la popularisation de la tarentelle au XIXe siècle. Ces cérémonies populaires ont quasiment disparu depuis le milieu du XXe siècle, mais depuis quelques années des chanteurs et formations de musique ancienne redécouvrent les tarentelles et les ajoutent à leur répertoire : citons par exemple Eugenio Bennato ou Christina Pluhar et son groupe L'Arpeggiata. Citons également I Cantori di Carpino, groupe traditionnel du Gargano (dans le Sud de l'Italie) qui perpétue depuis plusieurs dizaines d'années cette tradition musicale. Les genres de la tarentelle traditionnelle La tarentelle, selon les croyances, était une danse permettant de guérir un malade souffrant d'une morsure de tarentule. Les connaissances actuelles sur la tarentule (Lycosa tarantula) nous permettent de dire qu'il n'était pas question de cette araignée dans la tarentelle. Si la tarentule est impressionnante, le venin injecté lors de la morsure inflige à peine plus de souffrances qu'une piqure de frelon. En revanche, une autre araignée peuple cette même région de Tarente, Latrodectus tredecimguttatus. Bien plus petite et plus dangereuse, sa morsure peut provoquer des lésions et perturbations psychologiques et physiques assez importantes. La thérapie par tarentelle pourrait donc venir de la morsure de cette araignée. Athanasius Kircher (1601-1680), qui a étudié la tarentelle, rapporte plusieurs types de tarentelle. Ces différents types étaient liés au "caractère de l'araignée". Il fallait que la danse plaise à l'araignée qui avait mordu le malade pour que la thérapie soit efficace. On rencontre ainsi plusieurs formes de tarentelles : Pizzica Le rythme de cette tarentelle est effréné et endiablé. elle est désormais connue pour avoir été le moyen employé dans la thérapie par la tarentelle Tammurriata Tarentelle de la région de Naples, son nom vient de l'instrument symbole du type, la 'tammorra', grand tambour sur cadre chargé de cymbales. La mélodie étant uniquement prise en charge par la voix (parfois accompagnée d'un accordéon et de percussions traditionnelles à l'époque actuelle), le rythme est irrégulier et frénétique, car suivant les variations de la voix, les chanteurs se relayant pour improviser autour de motifs de textes traditionnels. Les tammurriates sont notamment jouées durant la semaine de Pâques, dans les villages au pied du Vésuve, la musique et la danse dégagent alors un climat entre sacré et profane. Montemaranese Rythme très régulier, rapide. Del Gargano Tarentelle basé sur la même basse, très circulaire bien que binaire, en ostinato Napoletana Tarentelle ternaire, la Tarentella Napoletana est comme son nom l'indique la tarentelle de la région de Naples. On en retrouve un exemple dans "La Danza" de Gioachino Rossini, extrait de Soirées Musicales (1830–1835). À ces quelques exemples s'ajoutent de nombreux autres types de tarentelles. Un aperçu est donné dans l'album La Tarentella de Christina Pluhar, enregistré par l'orchestre baroque L'Arpeggiata. Source : Wikipédia |