Les danses Indiennes

Outre les formes de danse dites classiques, l'Inde compte une foule d'autres danses, dont la plupart peuvent être qualifiées de folkloriques. Les formes varient selon les ethnies, selon les régions... et c'est précisément en suivant un ordre géographique que nous allons procéder pour évoquer bon nombre de ces différents styles, d'une manière succincte.
Ces danses sont généralement d'origine rurale et sont pratiquées par les villageois lors d'occasions particulières : récoltes, mariages, fêtes religieuses... Il existe parfois des troupes professionnelles, proposant des représentations de village en village, en particulier pour les danses à dimension théâtrale. Notons enfin que certains styles sont caractéristiques de diverses ethnies aborigènes qui ont su faire perdurer des traditions dont les racines remontent avant la lointaine invasion aryenne.

ANDAMAN et NICOBAR
ANDHRA PRADESH
ARUNÂCHAL PRADESH
ASSAM
BENGALE OCCIDENTAL
BIHÂR
CHHATÎSGÂRH
GOA
GUJARÂT
HARYANA
HIMÂCHAL PRADESH
JAMMU et KASHMÎR
JHARKHAND
KARNÂTAKA
KERALA                                         (Suite sur 2e PARTIE)


ANDAMAN et NICOBAR
La danse nicobaraise, pratiquée dans l'île de Car Nicobar, est une danse tribale restée longtemps préservée des influences extérieures. Elle est pratiquée lors de fêtes traditionnelles, durant la nuit, par des jeunes filles vêtues de leurs plus beaux atours. Leur costume est partiellement confectionné à partir de palmes.

ANDHRA PRADESH
Cette région est le berceau du bien connu kuchipudi, mais on y trouve également de nombreuses danses, folkloriques ou non, parmi lesquelles :
Andhra Natyam : On fait remonter son origine aux devadasis d'il y a deux mille ans. C'est une danse assez proche du bhârata-natyam, qui comporte une forme féminine : lasya, et une forme masculine "guerrière" appelée perini. L'andhra natyam est une sorte de synthèse de diverses formes traditionnelles et constitue une sorte de danse "nationale" ; elle est d'ailleurs enseignée à l'Université de Hyderabad.
Bathakamma : Cette danse de la région de Telangana est exclusivement féminine et se fait en l'honneur d'une déesse appelée Bathakamma. Les danseuses sont souvent de jeunes mariées voulant s'attirer la protection de la déesse pour une vie de couple réussie.
Bhanjara : Il s'agit d'une danse tribale d'un peuple nomade d'éleveurs et colporteurs, les Bhanjaras. Les thèmes sont inspirés de la vie domestique et agraire. Les femmes dansent en rond, frappent des mains et dessinent ensemble les gestes de la vie quotidienne. Les costumes, comportant de grandes jupes évasées, sont très colorés, rehaussés de broderies et de petits miroirs.
Dandaria : Cette danse est pratiquée avec un accessoire fréquent dans plusieurs styles : les danseurs utilisent en effet de petits bâtons qu'ils entrechoquent rythmiquement.
Dhamal : D'anciens rois hindous et, par la suite, les colons européens, firent venir en Inde des Africains, dont les descendants s'appellent Siddis. Ce sont des Siddis qui pratiquent la danse martiale dhamal, avec des sabres et des boucliers. C'est un spectacle bruyant et coloré, exécuté souvent à l'occasion des mariages.
Dhimsa : Ce sont les femmes cultivatrices de la caste Porja qui pratiquent, par groupes de quinze à vingt, cette danse tribale particulièrement colorée qui est dite attirer la prospérité.
Gangireddu Âta : Cette très ancienne danse rurale est avant tout celle d'un taureau (gangireddu) orné qui réalise diverses figures au commandement de son maître, à l'occasion de certaines fêtes.
Karra Sâmu : Voici une danse qui, comme le moringue à la Réunion, est dérivée d'un art martial local. Il s'agit d'un "combat" de bâtons (longs bambous) hérité des anciens gardes des temples ou des palais. Il est encore perpétué par quelques familles et visible lors de fêtes villageoises ou de mariages.
Lambadi : Le nom de cette danse est aussi celui d'une ethnie semi-nomade. Des femmes vêtues de robes rouges, de capuchons, et parées de nombreux bijoux reprennent les mouvements de la vie des champs : semailles, récoltes...
Puli Vesham : la "danse du tigre", très populaire, est pratiquée par les musulmans comme par les hindous. Un danseur représentant un archer en affronte un autre maquillé en tigre et finit par le vaincre, après les péripéties d'un combat que restitue cette danse.
Tolu Bommalata : Des marionnettes remplacent ici les danseurs, dans un spectacle qui reprend des épisodes mythologiques.
Vîra natyam : A l'origine, cette danse était liée à un rituel en l'honneur du dieu Shiva. Les danseurs manient des lances et des tridents enflammés, dont ils se percent ensuite la peau. Autres : bonalu, buda bukkala, burra katha, chindu bahagavatham, dappu nrityam, garagalu, mathuri, oggu katta, pagati veshâlu, tappeta gullu...

ARUNÂCHAL PRADESH
Il existe dans cet Etat de l'extrême Nord-Est de l'Inde, des danses tribales. Certaines sont théâtralisées et ispirées de la religion bouddhiste ici très importante, d'autres, masculines, font partie des traditions martiales.
Ponung : Tel est le nom d'une danse féminine ayant cours dans l'ethnie des Adis, montagnards du groupe tibéto-birman. Les jeunes filles dansent en groupes synchronisés, vêtues d'habits colorés, au rythme et au son des percussions.
Autres : buiya sodan, danse du lion et du paon...

ASSAM
Cet autre état du Nord-Est est riche en danses folkloriques, dont la plus connue est le bihu.
Ankiya nat : Il s'agit plutôt d'une forme de théâtre, créée au XVIème ou XVIIème s. parallèlement à la danse appelée satriya nritya, et se rapportant à la vie de Krishna. Les costumes colorés et les énormes effigies de démons ou d'animaux sont particulièrement spectaculaires.
Bagurumba : C'est la danse la plus spectaculaire de la communauté des Bodos, du groupe ethnique tibéto-birman. Elle se pratique en formation ; les danseurs dessinent des pas lents, bras étendus, au son de l'orchestre traditionnel de cette ethnie.
Bhortal nritya : Des groupes de six à dix danseurs effectuent cette danse en frappant de petites cymbales et en dessinant divers gestes. C'est un certain Narahari Burha Bhakat qui a donné quelque notoriété à cette danse. Bihu : Cette danse tire son nom d'une fête des récoltes, les récoltes débutant à la mi-avril et durant à peu près un mois. Jeunes hommes et jeunes filles dansent joyeusement, en rond ou en rangs. Le bihu, débordant, d'énergie se danse sur une musique de tambours et de pipeaux... et de chansons d'amour. Les gestes des mains sont vifs, les hanches se balancent en mouvements provocants, pleins de vie et de joie de vivre.
Chah baganar jumur nach : Il s'agit, mot à mot, de la "danse jumur des plantations de thé"... ce qui en dit déjà assez long sur les lieux où se pratique la chose. Elle est pratiquée par des groupes de filles ou des groupes mixtes, en se tenant par la taille et selon des pas précis.
Satriya nritya : C'est la danse assamaise d'inspiration classique, enseignée officiellement dans diverses institutions et visible à l'occasion de festivals locaux. Elle a été codifiée par deux maîtres des XVIème et XVIIème s. : Shankaradeva et son disciple Madhvadeva, tous deux vishnouites et promoteurs du culte de la bhakti. On comprend donc que cette danse est évidemment liée à l'expression religieuse.
Autres : ali aï ligang, harni gabra, rajini gabra, rongker, chomangkan, deodhany nritya, oja-pali, chaudang, rakhal lila...

BENGALE OCCIDENTAL
Brita (ou vrita) : Cette danse est normalement pratiquée dans des circonstances bien particulières : par elle, les femmes "stériles" ayant fini par enfanter remercient la divinité d'avoir entendu leur prière. On la danse également en remerciement de diverses guérisons (notamment après une variole...). Chhau : voir Bihâr.
Kâli nach : C'est une danse masquée, effectuée un sabre à la main, en l'honneur de la déesse Kâli qui est particulièrement vénérée au Bengale. Un danseur en transe peut être interrogé à la façon d'un oracle (point commun avec la marche sur les sabres, connue à la Réunion).
Autres : gaudiya nritya, rava...

BIHÂR
Le public réunionnais a notamment eu l'occasion de faire la connaisance de la danse chhau, typique de cet Etat et d'Etats voisins.
Chhau : Le mot viendrait du sanskrit chhaya, signifiant "ombre". C'est une danse accompagnée de tambours et flûtes traditionnelles, souvent masquée, probablement fort ancienne et dérivée d'un art martial pratiqué par les cipayes. Elle est caractérisée par ses mouvements énergiques et ses sauts. Elle peut être descriptive de la vie animale, retrouver ses racines guerrières (avec usage de sabres, boucliers, arcs...) ou évoquer des épisodes des grandes épopées. De nos jours, les thèmes se sont diversifiés et la danse chhau n'est plus exclusuivement masculine. Il existe trois variantes de cette danse. Celle du Bihâr est appelée Seraikella, celle du Bengale Purulia, et celle de l'Orissâ Mayurbhanj.
Jhijhia : Il s'agit d'une danse effectuée avec prières et chants adressés au dieu des Pluies.
Jhûmar : C'est une danse des moissons qui existe aussi dans l'Orissâ. Il existe un forme masculine, appelée mardani jhûmar, et une féminine : janani jhûmar.
Païka : voir Orissâ.
Autres : karma, jatra...

CHHATÎSGÂRH
Ce jeune Etat a été créé en 2000 à partir de la région est du Madhya Pradesh.
Saïla : Cette danse rurale et masculine s'effectue sous forme de ronde, tournant dans un sens puis dans l'autre, sur un rythme qui s'accélère. Les danseurs utilisent également des bâtons qu'ils entrechoquent. Le costume comporte notamment des plumes de paon.
Autres : danda, karma, raut nacha, suga (ronde féminine)...

GOA
L'ancienne possession portugaise a bien sûr la particularité de proposer certaines danses héritées du colonisateur... mais ce n'est pas tout ! Beaucoup de richesse pour un si petit territoire !
Corredinho : Voici, comme son nom le révèle, une danse aux accents portugais. Elle se danse en couples, dans des costumes colorés et selon des pas élaborés. Elle semble encore populaire, y compris dans la jeunesse de Goa.
Dashavatara : Mot à mot, il s'agit de la représentation des "dix avatars" de Vishnou, sous une forme qui tient davantage du théâtre que de la danse et qui apparut dans la région vers le XVIème s. Comme le bal tamoul réunionnais, il s'agit d'un spectacle joué par des hommes et des femmes - maquillés de blanc et rouge traditionnellement - débutant au soir et se terminant à l'aube.
Dekhni : Le mot signifie "beauté ensorceleuse"... tout un programme ! Il s'agit d'une danse exclusivement féminine, en solo, accompagnée de chant et d'une percussion appelée ghumat. La thématique est inspirée des devadâsîs, danseuses sacrées des temples, et nourrit un contenu narratif (histoire d'une devadâsî devant négocier avec le batelier la traversée d'un fleuve). La musique a la particularité d'associer mélodies indiennes et rythmes plus occidentaux.
Dhalo : Cette danse folklorique et lente est pratiquée par des groupes de femmes, généralement deux rangs de six ou douze se faisant face puis se mêlant en figures codifiées. Les chants sont d'inspiration religieuse ou sociale.
Dhangar : C'est aussi le nom d'une ethnie, qui pratique cette danse à la fin du Navarâtrî, en l'honneur des divinités familiales. Elle est basée sur un jeu rythmique de pas ; les chants sont généralement basés sur l'histoire de Krishna et Râdhâ ; les costumes sont traditionnellement blancs, avec un turban.
Fûgdi : C'est une danse exclusivement féminine et très fréquente dans les grandes occasions de la vie sociale ou religieuse. Elle débute en cercle, sur un rythme lent, puis atteint soudain un paroxysme rythmique. Le nom viendrait du fait que les danseuses, pour faciliter la synchronisation de ce rythme devenu très rapide, souffleraient la syllabe "fû". On distingue le katti fûgdi, dansé avec des coquilles de noix de coco à la main, et le kalshi fûgdi, avec des cruches.
Ghode modni : L'appellation signifie "mouvements de danse du cheval". Il s'agit d'une danse commémorant une victoire indienne sur les portugais. C'est une danse masculine et guerrière pratiquée, sabre au poing et en costumes d'apparat, par des hommes de la caste kshatriya lors de la fête appelée Shigmo.
Goff : C'est une danse des rubans dont il existe des formes dans diverses régions de l'Inde. Les danseuses, en un premier temps, tressent ensemble ces rubans attachés à un mât central, puis leur danse leur fera défaire cette tresse. Cela rappelle le pinnal kolâttam du Tamil Nâdu.
Mell (ou Romat) : C'est une danse, presque une marche, particulièrement bruyante et colorée intimement associée à la procession ayant lieu à l'occasion de la fête de Shigmo. Les groupes de villageois marchent de façon exubérante, brandissant bâtons décorés, drapeaux et ombrelles.
Autres : danse des lampes, kunbi, mussal.

GUJARÂT
Deux danses sont particulièrement connues et prisées dans cet Etat : garbâ et râs.
Bhavaï : Ce spectacle dansé est typique du Nord de l'Etat. Le mot vient du sanskrit bhâva, qui indique l'expression esthétique des émotions. Le spectacle dure toute la nuit, accompagné par les instruments de musique traditionnels. Les thèmes sont généralement ispirés de la réalité sociale et rurale, avec de fréquentes intentions satiriques.
Garbâ : Cette danse aurait, selon la légende, été popularisée par Usha, petite belle-fille de Krishna. Elle tire son nom d'une lampe à huile traditionnelle placée dans un pot de terre. Une cruche remplie d'eau, contenant en outre une noix de bétel et une pièce d'argent, et enfin surmontée d'une noix de coco (on retrouve le principe du koumbam) est le centre d'un cercle de danseuses qui tournent autour de lui sur un accompagnement de chants et percussions. Les danseuses portent elles-mêmes sur la tête une cruche ou une construction de bois et tissu représentant un temple. On pratique cette danse à l'occasion de diverses grandes fêtes religieuses telles que Holî ou le Navaratrî. La danse garbâ serait une continuation des célébrations très anciennes d'un culte de la fertilité, en l'honneur d'une déesse-mère.
Râs : Voici une danse aux origines légendaires prestigieuses, puisqu'elle serait l'héritière de la Rasa Lîlâ, la danse de Krishna et de ses gopîs, lorsqu'il était berger à Vrindâvan. C'est une danse mixte et simple, elle aussi pratiquée en cercle. Les danseurs font usage de bâtons de bois verni appelés dandiyas que l'on entrechoque en rythme. Il existe plusieurs variantes selon les villages et les ethnies. Ainsi la gheria râs est pratiquée avec un seul bâton, l'autre étant remplacé par une plume de paon ; les danseurs de gof gunthan, eux, utilisent un bâton et un ruban de couleur. C'est avant tout lors du Navaratrî que l'on danse la râs.
Autres : dangi nritya, gheria, gof gunthan, padhar nritya, siddi, thakaria, tippani nritya...

HARYANA
Une des particularités des accompagnements musicaux des danses dans l'Etat de Haryana est l'usage de percussions confectionnées à partir de cruches à eau. Il est aussi fréquent que les danseurs eux-mêmes soient également instrumentistes.
Dhamal ou dhamyal : Cette danse folklorique est pratiquée par des hommes, auxquels se joignent parfois des femmes. Ils jouent d'un grand tambour circulaire appelé "daph" tout en dansant, ou bien manient des bâtons décorés, les "shuntis". Le dhamal remonterait à l'époque du Mahâbhârata ; rappelons à ce propos que le Kurukshetra, le lieu historico-légendaire de la Grande Bataille contée par l'épopée, se trouve dans cet Etat
Gugga : Voici une danse très particulière, rituelle et strictement masculine, associée à une procession en l'honneur d'un saint homme. C'est kui, Gugga, qui a donné son nom à cette danse très simple, généralement effectuée près de sa tombe.
Hariyanvi Gidda : Il s'agit d'une autre danse féminine, aussi appelée jhumar (du nom d'une décoration que les jeunes mariées portent au front). C'est une autre forme de ronde, colorée et joyeuse.
Jhûmar : C'est une danse féminine commune aussi au Râjasthân voisin. Les danseuses forment un cercle, tapent dans leurs mains, chantent et bougent sur un rythme qui va croissant. Les textes des chants s'inspirent généralement de l'actualité et sont caractérisés par leur registre satirique.
Phag : C'est une danse typique de la fête de Holî, marquant l'équinoxe de printemps (la période du karmon réunionnais). Il s'agit en fait d'une manifestation quelque peu informelle au cours de laquelle les femmes "armées" de tissus noués, les "koraras", courent derrière les hommes et font tentent de les frapper, tandis que ceux-ci se défendent tant bien que mal ave des bâtons.
Autres : lûr (autre danse typique de Holî, féminine), khoria, chaupaia, ratvaï...

HIMÂCHAL PRADESH
Cet Etat des piemonts himalayens est certes peuplé majoritairement d'hindous, mais sa danse peut-être la plus connue, appelée chham, est typiquement bouddhiste. Chaque groupe ethnique a en fait ses propres danses.
Bhura : Il s'agit d'une danse virile et martiale au cours de laquelle les danseurs manipulent habilement leurs haches - appelées dangras - décorées. Elle s'accompagne de chants commémorant la bravoure de héros guerriers, au son notamment du hulki, petit tambour en forme de sablier.
Chham : C'est une danse pratiquée par les lamas bouddhistes dans les monastères de la région, en présence d'un large public comprenant les villageois des environs. Il s'agit en fait d'une danse propitiatoire, visant à attirer sur les habitants du secteur le bonheur et la prospérité ; ce qui implique de chasser les démons, les maladies, les dangers naturels... Les lamas dansent dans la cour du monastère, en de lents mouvements circulaires. Ils portent des costumes de brocart aux couleurs vives et, surtout, de grands masques grotesques qu'ils fabriquent eux-mêmes. Pendant ce temps retentit la musique des tambours, des cymbales et des longues trompes au son profond.
Hikat : A l'origine, il s'agissait d'un jeu d'enfants. Les danseuses forment des couples, se tenant par les poignets, bustes inclinés en arrière, et tournent sur place.
Lahauli : Il s'agit d'une danse probablement originaire du Ladâkh. Les pas sont simples et majestueux, et les danseurs effectuent des figires d'entrelacement des mains. Le costume typique est fait d'une longue robe aux bordures brodées, sur laquelle on passe une courte veste. Il est complété par des bijoux de perles et de pierres.
Nati : C'est une des danses les plus populaires de l'Etat ; il en existe diverses variantes régionales, aux rythmes variés. Comme beaucoup de danses folkloriques, elle se caractérise par des costumes et des ornements de fête. Le kullu nati est une des formes les plus connues.
Thoda : Voici une danse martiale où les danseurs manient l'arc et les flèches avec beaucoup de dextérité, donnant l'impression de livrer une véritable bataille.
Autres : bakayang, chohara, dandras, ghurehi, losar chona chuksam, jhamakada, namagen, gugga (voir à l'Etat de Haryana), sikri, singhi...

JAMMU et KASHMÎR
Bhacha nagma : Cette danse folklorique est pratiquée par des garçons travestis en femmes, dont ils portent vêtements et bijoux. Le danseur chante également, sur un accompagnement joué par un orchestre comprenant des instruments tels que le sârangî (instrument à cordes pincées), le rebâb (sorte de violon), le tumbaknari et le dholak (percussions), ou encore le hautbois appelé shehnaï.
Dumhal : Il s'agit d'une danse masculine et religieuse, associée à diverses occasions et processions. Les danseurs sont vêtus de longues robes colorées et de bonnets coniques. L'un d'eux plante en terre un drapeau dévotionnel, les hommes dansent alors autour de celui-ci, en chantant, sur un accompagnement de percussions.
Hikkat : Cette danse a la particularité de n'être accompagnée d'aucune musique instrumentale (... mais les danseurs chantent) et d'être pratiquée par les jeunes filles et les jeunes garçons. Ils forment des couples, se tenant l'un l'autre fermement par les bras et, tête et buste rejetés en arrière, tournent en rond avec une précision et une vitesse étourdissantes.
Kud : Hommes, femmes et enfants se retrouvent tous pour cette danse de réjouissance de la région du Jammu. Ils manifestent leur joie autour d'un grand feu à l'occasion des festivités marquant la moisson du maïs, et remercient ainsi les divinités du village (grâma-devatâ) de leur générosité et de leur protection.
Rouf : C'est la danse la plus populaire du Kashmîr. Elle est seulement féminine, et se pratique lors des fêtes des moissons ou lors du Ramadan. Les danseuses en tenues traditionnelles de fête forment deux rangées qui se font face, tour à tour s'avançant et reculant, tout en entonnant des chants dévotionnels ou sentimentaux.
Autres : chhakari, phumania, jagrana (qui est une danse de mariage)...

JHARKHAND
Pour ce jeune Etat créé en 2000, voir Bihâr.

KARNÂTAKA
Deux danses sont ici à retenir.
Dollu kunitha : Les danseurs ont la particularité de porter de grands tambours décorés d'étoffes, dont ils jouent tout en accomplissant des pas légers et rapides. Cette danse est généralement accompagnée de chants religieux.
Yaksha gâna : Il s'agit en fait d'un drame dansé, créé à la fin du XVIIème s. et que l'on pourrait comparer au kathâkali ou au bal tamoul réunionnais. Certains acteurs racontent l'histoire, en telugu ou kannara, tandis que d'autres, lourdement maquillés et en costumes pittoresques, la miment et dansent. Les thèmes sont tirés des grandes épopées ou des purâna.
Autres : balakat, bhûta et diverses formes de kunitha...

KERALA
Le "petit" état de l'extrême sud-ouest du pays est particulièrement riche en danses classiques ou traditionnelles et, surtout, en théâtre dansé. On connaît bien sûr le Mohinî-attam et le Kathâkali, mais découvrons à présent d'autres danses, hindoues, musulmanes ou même chrétiennes.
Aravanamuttu : Il s'agit d'une danse typique des Malabars musulmans, que l'on peut voir en diverses occasions telles que les fêtes religieuses ou les mariages. Les danseurs tournent en rond en marquant le rythme sur une petite percussion particulière appelée duffu (on appelle d'ailleurs aussi cette danse duffmuttu). Le leader du groupe chante des textes d'inspiration religieuse que les autres reprennent en chœur.
Chavittunatakom : Ce drame musical, qui tient finalement peu de la danse, constitue une curiosité. C'est un héritage, chrétien, de la colonisation portugaise, et remonte au XVIème s. Les costumes semblent directement sortis des tragédies grecques ou latines, et les décors eux-mêmes sont d'inspiration occidentale. Les thèmes, eux, sont comparables à ceux des mystères médiévaux européens, et se rapportent à la vie du Christ notamment.
Kanyarkali : C'est une danse inspirée d'un art martial et pratiquée par la communauté naïr. On y retrouve un mélange de gestes guerriers et de mouvements plus chorégraphiques. L'accompagnement est basé sur les percussions et des chants traditionnels.
Kolkali : Chez les Malabars, cette danse rurale et surtout musulmane, exclusivement masculine, est pratiquée avec des bâtons que l'on entrechoque pour marquer le rythme, en synchronisation avec des coups frappés au sol avec les pieds et avec les chants. Les mouvements des danseurs sont circulaires.
Kûdiyattam : Le kûdiyattam est une forme de théâtre dansé, peut-être la plus ancienne de la planète - 2000 ans au moins - et reconnue par l'UNESCO comme élément du patrimoine artistique de l'humanité. Traditionnellement le spectacle, basé sur les principes du Nâtua-Shâstra, le grand et antique traité de la danse classique, est présenté par une sous-caste hindoue du Kerala, celle des Chakyars. Les acteurs-danseurs, hommes et femmes, sont richement costumés et maquillés pour incarner essentiellement les personnages du Râmâyana ou d'œuvres qui s'en sont inspirées. L'instrument de base est le grand tambour appelé mizhav.
Kummattikkali : C'est dans le nord du Kerala que l'on pratique cette danse masquée et assez informelle. Les danseurs, chantant des textes d'inspiration religieuse et s'accompagnant d'une sorte d'arc musical nommé ona villu, vont de maison en maison, déguisés et masqués en dieux, déesses ou sorcières.
Margom kali : Voici une danse propre à la communauté chrétienne syrienne présente dans les districts de Thrissur et Kottayam. Elle remonte à un lointain passé. Les douze danseurs en vêtement blanc peu orné représentent les douze apôtres, chantant et dansant autour d'une grande lampe à huile symbolisant le Christ. Le chant, sans accompagnement instrumental, narre notamment la vie de Saint Thomas. Une autre partie de cette danse est, par contre, d'inspiration martiale et s'effectue avec sabres et boucliers.
Nangiar kôthu : Il s'agit d'une variante du théâtre dansé, que l'on pratique encore dans certains temples hindous. Elle se présente comme un spectacle en solo, où l'interprète chante et mime, en utilisant des mudrâs élaborés, des épisodes de la légendaire vie de Krishna.
Patayani : Ce long spectacle rituel qui, dans les temples, peut durer une semaine est typique des hommes de lacommunauté naïr. Il s'agit de rendre hommage à la déesse kâlî et à sa victoire sur un démon nommé Dârikan. C'et une danse masquée lors de laquelle les participants incarnent divers personnages, notamment Kâlî elle-même ou Shiva. Sarpam thullal : Cette danse propitiatoire s'adresse à un dieu serpent. Au sol est dessiné un kolam en l'honneur de ce dieu (Naga), tandis que les bardes (Pulluvans) jouent d'une vîna spécifique à cette cérémonie. Deux femmes, les Piniyals, placées sur le kolam, entre en transe, possédées par la divinité. Elles soupirent tout en dessinant de leur corps les mouvements du serpent, et répondent telles des oracles aux questions des bardes.
Thiruvathirakkali : C'est une danse féminine essentiellement pratiquée dans la communauté naïr. Les danseuses tournent et pirouettent en chantant autour d'une lampe (nilavilakku), comme dans le margom kali, en mouvements sensuels : elles incarnent en fait Lasya, le charme amoureux féminin.
Thullal : Ce spectacle allie récitation et danse. L'acteur-danseur, en solo, raconte tel ou tel conte de la mythologie hindoue, appuyant son récit d'une gestuelle qui en souligne le contenu. Un chanteur reprend également les vers, tandis que joue l'orchestre. Il existe aussi une veine d'inspiration plus satirique. C'est le poète Kunchan Nambiar qui aurait été le créateur du thullal, au XVIIIème s.
Autres : drames dansés : chakiar kôthu, thîyattu, kakkarissi natakom (mythes de Shiva et Pârvatî), krishnanattom (mythes de Krishna), mayilppîli thûkam (mythes d'Arjuna), mudiyettu (mythes de Kâlî) ; tholppavak kôthu (spectacle de marionnettes) ; pûthanam thirayam (danse en l'honneur de Kâlî), pâna (en l'honneur de Bhadrakâlî), velakkali (danse martiale), oppana (danse de mariage chez les Malabars musulmans), kâliyattam ou theyyam (danse rituelle du nord Kerala), vadithallu (danse avec bâtons)...

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