Les derviches tourneurs (Egypte)

       La danse est à l’origine une activité à caractère sacré. Acte magique qui a pour fonction de mettre l’univers humain en rapport avec ce qui le dépasse. L’homme primitif  pensait que les danses magiques doivent opérer comme des charmes: on les exécute car elles sont censées produire directement l’effet souhaité (victoire au  combat, chute de pluie...).

        La danse, en tant que mise en contact de l’être humain avec les  puissances cosmiques, peut  prendre aussi un aspect religieux. Il lui arrive d’être prière, louange au dieu et elle est pratiquée depuis la plus haute antiquité pour atteindre l’extase.

       Dans la tradition des Soufis, "Rakhs", la danse sacrée de l’extase spirituelle (qui existe encore de nos jours parmi les Soufis d’Orient ), date de l’époque où Djalal El Dine El Roumi était si absorbé par la contemplation de la nature et le pouvoir du Créateur qu’il a commencé à tourner rythmiquement si bien que les pans de ses vêtements formèrent un cercle et les mouvements de son cou et de ses mains en formèrent un autre, des gestes reflétant son sentiment de liberté; il s'est senti sortir de sa cage tout en effaçant les marques spatio-temporelles.

       La confrérie sunnite des derviches tourneurs a été fondée dès le 10ème siècle. Ce rituel s’est diffusé principalement grâce à des interprètes turcs, mais il existe cependant des traditions locales en Syrie, en Egypte et en Irak depuis le 16ème siècle. Répondant aux puissantes invocations divines du chef de la confrérie, pendant le "Zikr", les derviches tourneurs, tels des astres flamboyants, évoluent sur la scène, leur longues robes s’élèvent dans un tournoiement d’abord imperceptible mais bientôt leur rotation s’accélère au son d’une musique sans cesse plus rapide et intense. Défiant les lois de la gravitation, ils plongent l’auditoire dans une extase communicative, et quand la fusion entre le chant sacré et la musique envoûtante des flûtes et des "tars" (tambours à cordelettes) est consommée, le chef appelle alors ses danseurs: ceux-ci se lèvent, et après avoir salué, ils ôtent leur capes.

        Présentée à l’occasion de la  fête de la nativité du prophète, plusieurs d’entre nous ayant eu l’occasion d’en être spectatrices, cela a donné lieu à diverses réactions: celles qui sont contre ont  pour argument que ce genre de danse est si fatiguant qu’il peut provoquer une hyperventilation qui peut conduire à l’évanouissement, d’autres voient que le fait de tourner autour de soi-même reflète un certain état moral, un état de gaieté et de plaisir ou de libération des soucis

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