Pays Celtiques - Sept pays, une âme



Si les Celtes n'ont jamais eu le loisir, ni peut- être le désir, de se constituer en nation dans le passé, du moins leur civilisation a-t-elle été assez forte pour conserver le meilleur de son originalité à travers de nombreux siècles de subordination. Qui plus est, cette civilisation a considérablement influencé, en cours de route, celles de leurs vainqueurs, si bien qu'il n'est pas exagéré de dire que toute l'Europe en a pris de la graine. Et enfin, la présence des Celtes s'impose encore à nous, au soir du vingtième siècle, dans les réduits extrêmes de l'Occident où brûlent toujours, à feu couvert, les âcres parfums de la Celtitude. Une Celtitude propre à déranger le confort intellectuel d'un certain nombre de gens qui se complaisent dans les idées sommaires. Une Celtitude qui inspire encore, aux gouvernements en em(19 place, un sentiment de culpabilité quand on évoque devant eux le navrant dossier des génocides culturels.



On ne saurait nier qu'il existe des «réserves» de Celtes. Ne serait-ce que parce que les vieux langages retentissent toujours sous les cieux tourmentés qui règnent sur les paysages les plus exaltants du monde occidental. Les bretons armoricains parlent le brittonique comme leurs frères du Pays de Galles et du Cornwall. Ils sont cousins des Écossais, des Irlandais et des gens de l'île de Man qui usent toujours du gaélique. Et si les Galiciens d'Espagne ont perdu leur langage dans les avatars de l'histoire, il suffit d'aller en Galice pour retrouver, dans la nature et les hommes, la permanence des Celtes. Les sept pays ont un héritage commun qui leur fait une seule âme. Sensibilités, caractères, m odes de vie, réactions quotidiennes se tiennent de si près qu'il n'est pas possible de nier une indélébile parenté. Les qualités sont les mêmes, les premières d'entre elles apparaissant comme des défauts aux yeux des étrangers à la Celtie. Il y a bien une Celtitude.



Et c'est pourquoi les Fêtes de Cornouailles rassemblent les Celtes dispersés sur les extrêmes parapets de l'Europe. Nous invitons nos parents et nos alliés à des retrouvailles pour resserrer des liens qui se sont distendus sans jamais se casser. Nous célébrons les fondateurs de nos paroisses bretonnes qui sont venus d'outre-mer. Nous parlerons de nos affaires de famille, qui touchent au présent et à l'avenir aussi bien qu'au passé. Et nous invitons tout le monde à cette fête pacifique afin que l'on sache, une fois pour toutes, que l'uniformisation du monde moderne n'a pas encore eu raison de la Celtitude.





Source : Préface du programme des Fêtes de Cornouailles, Quimper, 1969.


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