Des terribles chiffres, on peut déduire que :
- L’épidémie se déclare à la fin de l’hiver et dure environ 4 mois.
- Les plus touchés sont principalement les enfants âgés de moins de 10 ans.
- Les adultes décédés font vraisemblablement partie des décès « normaux » dus à la vieillesse, la maladie ou l’accident.
Le statut social :
Les Houssa.
Mineur lors de son premier mariage et manoeuvre lors du second, voilà comment se qualifie le père de Jean-Guillaume. Ce dernier, quant à lui, se déclare journalier (travailleur à la journée), lors de son mariage puis horloger à partir de 1817. Métier curieux dans un petit village comme Soy. La seule explication trouvée est la proximité de villes comme Hotton et Barvaux.
HOUSSA père et fils sont instruits comme en témoignent leurs signatures fermes au bas des actes paroissiaux et d’état-civil. Donc, nous pouvons dire que ces personnes possèdent un certain niveau d’instruction.
Rappelons que le carnet Houssa contient, à côté des danses, quelques principes de technique musicale et chorégraphique. Enfin, même si on sait que son père était également
instruit, on ne peut en déduire qu’il était également ménétrier. Mais la question mérite d’être posée.
Les Fanon.
Dans l’échelle sociale, ils ne sont guère plus élevés que les HOUSSA. Léonard, contemporain de Jean-Guillaume, est cordonnier. Par contre, les signatures FANON sont rares dans les registres paroissiaux et actes d’état-civil, ce qui incite à penser qu’ils ont moins d’instruction.
En leur temps, Rose THISSE-DESROUETTE et Jenny FALIZE ont cité le témoignage de l’ancien directeur d’école de Heyd, M. BRAIPSON, selon qui « les FANON fabriquaient eux-mêmes leurs instruments de musique, car cette famille recelait plusieurs artisans. Ainsi, les quatre oncles de Gédéon FANON étaient respectivement tourneur, sabotier, horloger et cordonnier. Gédéon fut lui-même horloger et violoniste ».
Ce témoignage me semble assez inexact car, parmi les professions citées dans les actes, ne se trouvent qu’un sabotier (le père de Gédéon) et deux cordonniers. Point de tourneur et encore moins d’horloger, même par alliance.
Terminons ce tour d’horizon par le fait que, nulle part dans les actes, n’apparait la fonction de ménétrier. Il s’agit donc bien là d’une occupation complémentaire.
Par ailleurs, si le niveau social des deux familles est fort proche, aucune profession recensée n’est source de lien particulier.
Et si tout était plus simple ? :
Dès lors, pourquoi, en effet, chercher midi à quatorze heures, hormis dans le but de « découvrir » quelque peu ces personnages dans leur vécu ?
On peut imaginer que Jean-Guillaume de Wy et Léonard de Heyd, tous deux tourneurs de bal, violonistes et quasiment voisins, se soient connus, voire côtoyés, tels des « jazzmen » improvisant, à l’occasion, une « jam session ». Peut-être est-ce tout simplement de la sorte que le carnet s’est transmis, par exemple, lors du décès de son auteur.
Les quelques éléments décrits ci-dessus auront ainsi permis de jeter un coup d’oeil sur cette région limitrophe de l’Ardenne, entre Ourthe et Aisne. Pour d’autres raisons, cette région me tient particulièrement à coeur et, joignant l’utile à l’agréable, j’ai voulu mettre mes pieds dans les traces probables de Jean-Guillaume, depuis Wy jusque Heyd, à travers bois et champs. Traverser les décors qui ont entendu jouer ces ménétriers, qui ont peut-être inspiré leur jeu fut un véritable régal, d’autant plus que la nature y est encore intacte.
Par ces chemins détournés, je n’ai donc pu percer le mystère de la transmission du carnet. Mais je pense que, l’espace de quelques lignes, « nos » ménétriers sont redevenus vivants. A mes yeux, ce résultat est amplement suffisant.
Source : Le journal de la Dapo Hainaut n° 95 de février 2009 -
Jean-Marie Dontaine.
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