La danse belge

Comme dans de nombreuses régions d'Europe et du monde, en Belgique aussi la danse possède une longue histoire. Le manuscrit des Basses Danses (1497-1500) ayant appartenu à Marguerite d'Autriche est l'un des premier texte s'attachant et décrivant certaines danses de la Renaissance, il est conservé à la Bibliothèque Royale de Belgique. On suppose également que Thoinot Arbeau (chanoine de Langres) a répertorié dans son Orchésographie (1589) les danses pratiquées dans les anciens Pays-Bas Bourguignons, qui correspondent aujourd'hui au territoire Belge.

A l'époque, sur le territoire, on danse la branle, la courante, la pavane, la gaillarde et on y pratique encore la basse danse. Les confréries de musiciens et danseurs ont également joué un rôle majeur dans la transmission des danses, dès le xvie siècle et jusqu'au milieu du xviiie siècle. Animateurs exclusifs des bals et des fêtes, ils ont sauvegardé jalousement leurs privilèges jusqu'à ce que la concurrence de danseurs de théâtre et de maîtres de danse « étrangers » leur devienne fatale. Ainsi, à Bruxelles, la confrérie de saint Job, née au xive siècle, cesse toute activité après 1756.

Au 17ème siècle, à la cour des archiducs Albert et Isabelle, on danse la basse danse, l'allemande, certaines branles et surtout la gaillarde. On y donne également des ballets à la cours comme "Les Noces de Psyché et Cupidon », représenté en 1608 dans la grande salle du palais à Bruxelles. En 1649, dans le cadre de festivités préparées pour la célébration du mariage du roi Philippe IV d'Espagne avec Marie-Anne d'Autriche, le célèbre chorégraphe vénitien Giovan Battista Balbi, remonte les ballets qu'il avait imaginés dans La finta pazza, pour divertir le jeune roi Louis XIV, alors âgé de sept ans. Balbi restera à la cour et travaillera ensuite sur sa nouvelle composition : le Ballet du monde, intermèdes dansés dans Ulisse all'isola di Circe, nouvel opéra que l'archiduc a commandé expressément au poète italien Ascanio Amalteo et au musicien de sa cour Giuseppe Zamponi. Ce premier grand opéra à machines est représenté le 24 février 1650, sur le théâtre de la cour aménagé à grands frais.

Le 24 janvier 1682 à lieu l'inauguration d'une nouvelle scène lyrique permanente, établie dans un vieux hangar se situant sur le Quai au Foin. Le spectacle quitte la cour pour entrer de plain-pied dans la ville, et le public bruxellois peut désormais se presser aux portes de la nouvelle « Académie de Musique » pour assister aux grandes œuvres du répertoire français et italien. Depuis son ouverture jusqu'à 1699, on y donne tous les grands opéras de Lully, parfois très peu de temps après Paris. Les divertissements dansés sont composés par des maîtres de ballet français, dont les plus importants sont Pierre Deschars, Antoine Desbrosses et François Rodier.

La ville d'Anvers possède également son « Académie de Musique », très active au cours de cette même période et également portée sur les œuvres de Lully. Dans les dernières années du xviie siècle, la ville de Gand suit le mouvement en invitant le directeur de l'Opéra du Quai au Foin à remonter les opéras présentés à Bruxelles.

Après le bombardement de Bruxelles par les armées françaises du duc de Villeroy, le gouverneur des Pays-Bas espagnols, Maximilien-Emmanuel de Bavière, charge l'un de ses officiers, Gio Paolo Bombarda, d'ériger un nouveau théâtre en plein cœur de la ville : le Théâtre de la Monnaie est inauguré vers la fin de l'année 1700 et deviendra l'une des principales scènes étrangères après Paris. C'est à Bruxelles que naît et débute la danseuse qui deviendra célèbre dans toute l'Europe sous le nom de « la Camargo ».

La fin du 17ème et le début du 18ème siècle sont moins propices au ballet. En effet, à l'exception de quelques rares représentations données par des troupes de passage, le ballet est inexistant pendant vingt ans et il faut attendre l'arrivée d'Eugène Hus en 1814 pour voir renaître une activité chorégraphique en Belgique. Engagé d'abord comme régisseur du Théâtre de la Monnaie puis comme maître de ballet, Hus fonde en 1818 le premier Conservatoire de danse, destiné à former les futurs membres du corps de ballet. En 1826, Jean-Antoine Petipa le réorganisera complètement et le dotera d'un règlement relatif à l'entrée des élèves, à leur programme d'enseignement et à leur admission dans le corps de ballet.

En 1904, François Ambrosiny, chorégraphe ouvert à tous les courants, va favoriser les tournées de compagnies et d'artistes réputés, comme Isadora Duncan en 1907, les Ballets russes de Serge de Diaghilev en 1910 (avec Ida Rubinstein), 1922 et 1928, Anna Pavlova en 1920, les Ballets suédois de Rolf de Maré en 1921, Alexandre et Clotilde Sakharoff en 1923. Ambrosiny participe ainsi au renouveau chorégraphique de son temps et encourage la composition de ballets d'avant-garde sur des œuvres nouvelles de Paul Dukas, Antonín Dvořák ou Igor Stravinski.

Au début des années 1920 apparaît une jeune danseuse qui va marquer les générations futures : Akarova pratique une danse libre résolument moderne, qui la fera qualifier d'« Isadora Duncan belge ». En janvier 1933 est présenté au palais des beaux-arts de Bruxelles le ballet de Kurt Jooss, La Table verte, créé à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées, le 3 juillet 1932. Ce sera la révélation pour beaucoup de danseurs de cette génération. Mais la Guerre est l'occasion de toutes les remises en question artistiques et de toutes les revendications d'autonomie de la danse par rapport aux autres arts, et aussi d'une certaine « danse flamande » : Lea Daan, Elsa Darciel et Jeanne Brabants insistent sur la nécessité de fonder une identité chorégraphique flamande, tandis que Paul Grinwis et Hanna Voos misent davantage sur une identité belge.

La Belgique de l'après-guerre, trop occupée à la reconstruction nationale, néglige de donner corps aux espérances de naguère. En 1959, Lydia Chagoll le rappelle dans son Plaidoyer pour le ballet belge, dans lequel elle prône la constitution d'un « Ballet national ». Peu de temps après, c'est Maurice Béjart qui réalisera ce rêve. Arrivé en Belgique en 1958 pour une représentation de son ballet Orphée à Liège, durant le festival des Nuits de Septembre, Maurice Béjart est filmé par la télévision belge et remarqué par Maurice Huisman, directeur du Théâtre de la Monnaie. L'année suivante, Béjart donne Le Sacre du printemps à Bruxelles et y fonde le Ballet du XXe siècle. Durant vingt ans, les créations de Béjart vont rythmer la vie artistique de Bruxelles et de la Belgique, et le chorégraphe va réellement « éduquer » le public belge à la danse. Parallèlement, il crée l'école Mudra, dans laquelle il va former plusieurs générations d'interprètes et de chorégraphes de qualité.

Dans le même temps, le mouvement des auberges de jeunesse (re)découvre les danses folkloriques de Flandre et de Wallonie, notamment par l'intermédiaire des professeurs d'éducation physique qui en sont les premiers véhicules : de nombreuses enquêtes et reconstitutions donnent naissance à des groupes de danse qui remettent à l'honneur la pratique de ces danses perdues ou, du moins, oubliées.

La danse est donc très présente sur le territoire belge, d’Anvers à Namur en passant par Bruxelles, Liège, Mons ou Leuven, on retrouve l'art du ballet ainsi que certaines danses traditionnelles et folkloriques. Il est important également de souligner une émulsion particulière pour des danses plus contemporaines comme le hip hop, la salsa, la danse orientale ou encore le lindy hop, qui se développe de façon spectaculaire à Bruxelles et en Flandre depuis quelques années.

Source : Dance Connexion

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