Timbila       

(Xylophones mozambicains)

  

Le mot timbila est un pluriel, au singulier on dit Mbila

Les timbila sont des instruments en bois, confectionnés et accordés avec le plus grand soin. Ils sont fabriqués en mwenje, un arbre à croissance lente dont le bois a une grande résonance. Chaque lame de bois repose sur une calebasse qui fait office de résonateur. Elle est fixée à l’aide de cire d’abeille et imprégnée d’huile de nkuso, conférant à l’instrument sa riche sonorité nasale et ses vibrations caractéristiques. Les lames aux sonorités les plus graves peuvent mesurer près d'un mètre.

La pratique des timbila est attestée dès le 16e siècle par les missionnaires portugais. C'est un des rares exemples d'une orchestration de xylophones en Afrique. Les ensembles se composent de 5 à 15 xylophones. Les registres sont variés : chilandzane pour les parties aiguës et solistes, dibhinda pour l'accompagnement en contrepoint et chikulu pour la basse.

Les communautés Chopi, établies principalement dans la province d’Inhambane, dans le sud du Mozambique, sont réputées pour leur musique orchestrale. Leurs orchestres sont composés de cinq à trente xylophones en bois appelés timbila (mbila au singulier), de tailles et tonalités différentes.

Les musiciens sont aussi bien des maîtres que des apprentis de tous âges, les enfants jouant aux côtés de leurs grands-pères. Chaque année, plusieurs nouveaux morceaux sont composés et interprétés lors de mariages et autres événements sociaux. Les rythmes, à l’intérieur de chaque thème, sont extrêmement complexes si bien que le musicien exécute souvent des rythmes différents avec chaque main. C'est une musique de divertissement à l'occasion de mariages et de fête, mais les timbila interviennent aussi dans des cérémonies de commémoration des ancêtres. C'est à ce titre qu'ils jouent un rôle primordial dans la conservation et la transmission de la culture Chopi.

La musique des orchestres de timbila témoigne d'une tradition bien vivante et en perpétuel renouvellement. En effet, chaque année, les maîtres de timbila enrichissent le répertoire de pièces nouvelles qui sont jouées lors des fêtes de village et des mariages.Les compositions, qui durent près d’une heure, alternent des solos et des parties orchestrales sur différents tempos. Des danses timbila associées à la musique sont exécutées par deux à douze danseurs devant l’orchestre. Tout concert de timbila commence par le m’zeno, un chant solennel entonné par les danseurs que les musiciens accompagnent en sourdine sur un rythme lent. Les textes, souvent sarcastiques, évoquent avec humour les problèmes sociaux contemporains et rendent compte des événements survenus au sein de la communauté. La plupart des joueurs expérimentés de timbila sont âgés.

Si plusieurs maîtres ont commencé à former de jeunes musiciens et ont intégré des filles dans les orchestres et groupes de danse, les jeunes perdent de plus en plus le contact avec ce patrimoine culturel. En outre, la déforestation raréfie le bois nécessaire pour produire la sonorité particulière de ces instruments.

Les orchestres de Timbila des communautés Chopi ont été proposés et accepté par l'Unesco comme patrimoine immatériel mondial de l'humanité. Ce statut engage le Mozambique a assurer un soutien et une protection juridique à une tradition musicale de grande richesse, mais progressivement délaissée. Chaque année, au printemps, le festival de Timbila de Zavala, au cœur de la région Chope, rassemble les meilleurs orchestres de Timbila. Au cours de ce msaho (rencontre des amis), les orchestres présentent leurs nouvelles créations et se mesurent les uns aux autres. Des jeunes musiciens intègrent les timbilas dans la world music et des orchestres se produisent internationalement tel l’ensemble Ta Zandamela du Zambèze ou le groupe Timbila Muzimba).

Sources : Les amis du Mozambique


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