Instruments à percussion qui, en raison de leur forme et du matériau dont ils sont faits, émettent lorsqu'ils sont frappés des sons caractérisés par un grand nombre de sonorités partielles (n'appartenant pas à la série des harmoniques naturelles). Les sons les plus aigus s'évanouissent presque immédiatement, tandis que les plus graves continuent de résonner pendant une durée appréciable. La plupart des cloches sont faites de bronze, un alliage de cuivre et d'étain, mais certaines sont fabriquées avec d'autres alliages souples ou même en argile. Il y a deux principaux types de cloches : la cloche « ouverte » en forme de cône (la plus courante) et la boule creuse ajourée appelée grelot ou crotale. Le son est produit quand la cloche est frappée avec un objet dur (habituellement métallique) et laissée librement en vibration. Les cloches ouvertes sont frappées avec un marteau extérieur (dans le cas des cloches fixes d'une horloge) ou un battant, c'est-à-dire une tige fixée à l'intérieur (pour les cloches ou carillons que l'on met en branle). Les crotales renferment une bille de métal en liberté qui frappe la surface interne de la cloche quand on l'agite.
Aucun instrument n'est aussi variable dans ses dimensions. Les cloches en forme de cône mesurent entre 5 mm et 3 m de diamètre, certaines excédant même 5 m pour un poids de 20 tonnes. Les crotales varient de moins de 5 mm à environ 0,3 m de diamètre. Plus les dimensions de la cloche sont importantes, plus le son porte loin. Les fréquences graves des très grosses cloches sont audibles à une plus grande distance que le son de tout autre instrument, et se propagent dans toutes les directions.
Les cloches peuvent être sonnées une à une ou en suivant la gamme, comme dans les carillons et les clochettes. Les crotales, qui sont avant tout des instruments de rythme, servent parfois chez les danseurs à souligner les mouvements. Les crotales à intonation précise figurent dans quelques oeuvres orchestrales, notamment les Danses allemandes de Mozart et une symphonie de Percival Price, The Saint Lawrence. Certains orchestres russes et français emploient de grosses cloches ouvertes, mais la plupart des ensembles font appel à des cloches tubulaires pour imiter le son de cloches véritables. Les cloches tubulaires sont parfois aussi utilisées dans les pseudo-carillons de clochers d'églises et peuvent même être actionnées électroniquement à l'aide d'un clavier aménagé ailleurs.
L'un des instruments les plus anciens, la cloche existait chez la plupart des populations préhistoriques qui travaillaient le métal. Dans les temps modernes, on la trouve partout dans le monde. Traditionnellement, elle a servi avant tout à donner l'alerte. On utilisait des séries de cloches accordées dans les ensembles musicaux de l'époque de Confucius, vers 500 avant J.-C. Les grosses cloches conçues pour être entendues de très loin commencèrent à être employées dans les temples bouddhistes vers l'an 300 après J.-C., et les chrétiens utilisèrent les cloches d'église pour la première fois vers l'an 1000 après J.-C.
Les premiers explorateurs européens rapportèrent l'existence de petites cloches en Amérique du Sud et en Amérique centrale, mais non dans les régions aussi septentrionales que le Canada. La Compagnie de la Baie d'Hudson installa de grosses cloches européennes à ses postes de traite dès 1683 pour rappeler ses employés du travail et donner l'alarme. Elle introduisit également les crotales chez les Indiens de l'Ouest du Canada.
Historique de quelques cloches au Canada.
Une première mention des cloches au Québec paraît dans les Relations des Jésuites (vol. XXVII, p. 101) : « Le 25 [novembre 1645] fut mise à la paroisse une plus grosse cloche au lieu de la petite qui y estoit. » En 1666, Robert Giffard fit don à l'église de Beauport (Québec) d'une cloche française de l'époque de Louis XIV. Cependant, les premières cloches d'origine canadienne furent installées à Québec en 1664. Selon Louis Bertrand de La Tour, curé d'une paroisse de Québec au XVIIIe siècle (cité dans Louis Jolliet d'Ernest Gagnon, 3e édition, p. 33), « Sur la fin de l'année 1664, M. l'Évêque fit la bénédiction des trois premières cloches du Canada, qui jusque-là n'avait que quelques clochettes : ces cloches furent fondues dans le pays. » On sait que l'église paroissiale de Montréal, qui ouvrit ses portes en 1656, avait un clocher muni de deux cloches, mais on ignore à quelle date ces cloches furent installées. L'existence de cloches est mentionnée dans des documents historiques de 1672 et de 1683. En 1710, la reine Anne d'Angleterre donna une cloche d'église à un groupe d'Iroquois habitant dans l'actuel État de New York. Cette cloche fut apportée plus tard au Canada par la princesse mohawk Catherine (future épouse de Joseph Brant) et installée en 1786 dans une église du Haut- Canada, au village qui devint Brantford, Ont. En Colombie-Britannique, les cloches arrivèrent de Russie par l'Alaska et du Mexique par l'entremise de commerçants et de pirates espagnols attirés par le Nord. L'une des plus grosses cloches d'A HREF=http://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9rique_du_nord style="color:#606060">Amérique du Nord (11 240 kg) fut placée en 1843 dans le clocher ouest de l'église Notre-Dame de Montréal. Cette cloche, la « Jean-Baptiste » ou Gros Bourdon, se fendit six mois après sa première mise en branle, mais fut remplacée six mois plus tard par une autre de même dimension. Il fallait, dit-on, 12 hommes pour en tirer les câbles. Par la suite, elle fut actionnée électriquement et seulement en des occasions spéciales. Elle était encore en usage en 1991. Une dame anglaise, Angela Georgina Burdett Coutts, fit don en 1862 d'un carillon de huit cloches à l'évêque de la Colombie (britannique). Le carillon fut installé en 1865 dans un clocher de l'église Holy Trinity, à New Westminster, C.-B., construit pour le loger. Quelque temps plus tard, le soldat Howse, des Royal Engineers, organisa un club de sonneurs à l'église. Toutes les cloches de ce carillon, sauf la cloche ténor (la plus grave), furent détruites par l'incendie qui ravagea l'église en 1898. Celle qui subsista fut remise en usage quand la cathédrale rouvrit ses portes en 1899. La première cloche posée à Vancouver fut mise en place en 1873 dans la coupole de l'église méthodiste Indian Wesleyan située près de la plage au pied de la rue Abbott (plus tard rebaptisée rue Water). La ville de Victoria reçut en don une cloche de 0,9 tonne de la communauté chinoise. Coulée en Chine en 1627, elle fut à l'origine la propriété de la famille Lew; elle fut placée au Beacon Hill Park en 1904.
Les trois cloches de l'ancien hôtel de ville de Toronto furent sonnées pour la première fois le 31 décembre 1900 et demeuraient en usage en 1991. Elles pèsent respectivement 5.400 kg, 1.504 kg et 857 kg. Les quarts d'heure sont sonnés par la petite cloche en si bémol, les demi-heures à la fois par la cloche moyenne en mi bémol et la petite cloche, les trois-quarts d'heure avec ces deux mêmes cloches mais en succession, et les heures par la grosse cloche en si bémol. En 1911, l'église Saint John's de Peterborough, Ont., installa 13 cloches qui furent plus tard connues sous le nom de People's Chimes et sonnées chaque jour jusqu'en 1967. En octobre 1977, l'Ontario reçut en cadeau une cloche de temple japonais lors de la célébration du 100e anniversaire de la venue des premiers Japonais au Canada. Cette cloche, d'un poids de près de 0,9 tonne, fut accrochée dans une pagode sur l'îlot ouest d'Ontario Place. Une fonderie de cloches fut ouverte par Carl Stoermer à Breslau, Ont., en 1931.
Les sonneurs de cloches répètent souvent avec des clochettes, et on trouvait encore des ensembles de clochettes d'un bout à l'autre du pays en 1991, notamment le Harriet Clark Memorial Handbell Choir à Fredericton, N.-B., et le groupe dirigé par Ted Eames de Prince George, C.-B., qui se produisit à l'Expo 70 à Osaka, Japon, sur l'invitation du gouvernement japonais. En 1988, les Regina Bell Ringers enregistrèrent trois oeuvres pour cloches de Thomas Schudel.
Edward Lye (de la Lye Organ Company.) et ses descendants sonnèrent les cloches de la cathédrale Saint James de Toronto pendant 96 ans (1867-1963). Depuis 1950 environ, on sonne rarement les cloches à force de bras; les claviers (mécaniques et électriques) et les mécanismes d'horlogerie ont en grande partie supplanté les câbles et les carillonneurs. Il y eut cependant une mise en branle manuelle mémorable le 16 juin 1973, à la cathédrale Holy Rosary de Vancouver : un groupe de carillonneurs anglais y exécuta pour la première fois en Amérique du Nord une volée qui dura trois heures et trois minutes. Le début et la fin de ce concert figurent sur l'enregistrement The Vancouver Soundscape (1974, EPN-186) du World Soundscape Project. Les cloches elles-mêmes, quelle que soit la méthode employée pour les mettre en branle, continuent de jouer un rôle primordial dans la vie des villes et des villages Suspendues dans les églises, les hôtels de ville, les écoles ou les casernes de pompiers, elles sonnent encore l'heure de la messe, le coup de midi, le retour en classe et l'alerte au feu. Dans les grands centres urbains cependant, les véritables carillons sont devenus plus rares au cours des dernières décennies; ils ont progressivement été remplacés par des enregistrements ou des appareils électroniques, ou ont simplement cessé de servir. R. Murray Schafer faisait observer dans le livret accompagnant The Vancouver Soundscape que, des 211 églises de Vancouver, 11 seulement possédaient de vraies cloches, 20 faisaient jouer des carillons enregistrés et que les 180 autres étaient silencieuses.
Parmi les musiciens canadiens qui collectionnent les cloches se trouvent Percival Price et John Wyre. Price est une autorité en matière de cloches et de campanologie. En 1982, il fit don de sa collection personnelle à la Bibliothèque nationale du Canada qui l'utilisa en 1986 dans une exposition intitulée « Les cloches à travers les siècles ». Quant à la collection de Wyre, elle continua de servir en concert, tant à son propriétaire qu'à l'ensemble de percussions Nexus; Wyre est l'auteur d'une oeuvre intitulée Bells, commandée par Seiji Ozawa pour le festival de musique contemporaine de l'Expo 70.
Auteur Percival Price
Source : Encyclopédie canadienne
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