«Babele» : Les journées des «Vieilles» inspirées des légendes de Dochia .

A part la fête du Martisor, les premiers jours du mois de Mars, ont eux aussi, en Roumanie, un statut spécial. Du 1er au 9 mars, les Roumains célèbrent Babele – les vieilles. Femmes, enfants et jeunes choisissent un de ces jours en l’appelant leur “vieille”. S’il fait beau, alors ils auront une année prospère, heureuse et tranquille. Si le jour choisi le temps est mauvais, alors la personne en question aura une année difficile. Cette tradition est née de la croyance qu’en début de printemps le temps est aussi instable que l’esprit des vieilles femmes.

A part la fête du Martisor, les premiers jours du mois de Mars, ont eux aussi, en Roumanie, un statut spécial. Du 1er au 9 mars, les Roumains célèbrent Babele – les vieilles. Femmes, enfants et jeunes choisissent un de ces jours en l’appelant leur “vieille”. S’il fait beau, alors ils auront une année prospère, heureuse et tranquille. Si le jour choisi le temps est mauvais, alors la personne en question aura une année difficile. Cette tradition est née de la croyance qu’en début de printemps le temps est aussi instable que l’esprit des vieilles femmes. Le premier mars est réservé à deux célébrations: c’est le jour du Martisor et de Dochia. Le calendrier orthodoxe mentionne la Sainte Eudochia -Eudoxie pour les Français – une samaritaine née au Liban au temps de l’empereur Trajan. Ce fut une femme belle et riche qui eut une jeunesse plutôt débauchée. C’est avec l’âge qu’Eudochia découvre la foi. Elle est baptisée par l’évêque Théodot, donne sa fortune aux pauvres et se retire dans un monastère, où elle fait de nombreux miracles. C’est la raison pour laquelle elle fut sanctifiée.

Le personnage des légendes diffère beaucoup de la vérité historique. Les légendes sur Dochia nous introduisent dans l’univers du village roumain. D’où – les tensions entre la belle-mère Dochia et sa belle-fille, les oppositions métaphoriques entre Le Vieil An qui meurt et Le Nouvel An qui renaît, ou encore entre l’hiver et l’été, le froid et la chaleur, la stérilité et la fertilité. Dans la plupart des histoires, la vieille Dochia s’entête de conduire ses troupeaux sur la montagne en plein hiver (fin février ou début mars). Pour se convaincre de l’arrivée du printemps, elle envoie sa belle-fille – la femme de son fils Dragobete – dans la forêt, chercher des fraises des bois. Aidée par Dieu déguisé en vieil homme, la jeune femme lui apporte des fraises. Dans d’autres variantes de la légende, la belle-fille doit laver la laine noire des moutons jusqu’à ce qu’elle devient blanche comme la neige. Chaque fois, Dochia pense que le printemps est là et se dirige vers les sommets de la montagne, malgré les conseils des bergers. Parfois, Dochia est accompagnée par son fils Dragobete. Elle marche pendant 9 jours et 9 nuits. A cause de la pluie, ses manteaux en peau de mouton deviennent lourds et la vieille les enlève, un par jour. Selon certaines versions, Dochia renonce à ses touloupes à cause de la chaleur. Le 9e jour, ou, selon le cas, le 12e, Dochia meurt gelée, transformée en pierre. Sa mort marque la fin du Vieil An agraire.

Mais Dochia n’est pas toujours un personnage maléfique. Parfois elle est présentée comme un personnage protecteur, une bonne chrétienne qui prie sans cesse à Dieu pour que le beau temps arrive plus vite. Dochia porte 9 manteaux, ou parfois 12 – 6 mauvais et froids et 6 bons et chauds. D’ici le nombre des jours parmi lesquels il faut choisir un pour voir comment sera l’année. S’il neige pendant les premiers jours de mars, on dit que Dochia secoue ses touloupes.

Les jours des 8 vieilles sont suivis par les 8 jours des vieux. Le 8 mars a lieu l’incinération symbolique de l’hiver à l’aide des torches. Dans la région du Banat, les enfants attisent le feu avec des branches, pendant que les mères répandent des cendres autour de la maison, des étables, du poulailler. Ces feux avaient plusieurs fonctions: purifier (éloigner les mauvais esprits des maisons au début du Nouvel An), guérir (protéger contre les serpents et les insectes l’été), fertiliser les potagers, les vergers et les vignobles. La principale fonction magique de ce rituel était d’aider le Soleil à surmonter le moment critique du passage de l’hiver au printemps, de l’obscurité à la lumière.

Le 9 mars marque le début du Nouvel An agraire et célèbre les 40 martyres – en roumain: Mucenici ou Màcenici – qui furent sacrifiés pour leur foi et noyés ou brûlés sur un bûcher funéraire. Ils symbolisent également l’esprit des ancêtres. On dit que, le 9 mars est le jour où les cigognes commencent à rentrer et que le printemps sera pareil à ce jour – froid et pluvieux ou ensoleillé et chaud. Les vieux frappent la terre avec de grands marteaux en bois, pour en faire sortir la chaleur et l’herbe et pour chasser le froid. Cette tradition est pratiquée de nos jours encore par les enfants dans les villages d’Olténie ou de Valachie.

Il existe aussi une légende liée à ce jour. Une fois, le jour des Mucenici, un homme semait des petits pois. En le voyant, les 40 Martyres se seraient fâchés parce qu’il travaillait en ce jour qui leur était consacré. Mais Dieu eut pitié de lui et dit aux Saints de lui pardonner et même d’enrichir sa récolte. Ainsi devint-elle 40 fois plus riche. Voyant le résultat, l’homme sema des petits pois le même jour, l’année suivante. Cette fois-ci, Dieu ne lui pardonna plus et chacun des martyres le punit d’une semaine de maladie. Malade pendant 40 semaines, l’homme ne put ramasser les petits pois semés par avidité.

La tradition des Mucenici a aussi un côté gastronomique. Le 9 mars, les femmes de Roumanie préparent des pâtisseries nommées “mucenici” en forme de 8, d’abeille ou de colombe, garnies de noix et servies avec du miel. En Moldavie, ces pâtisseries sont cuites au four. Dans les départements de Gorj et Mehedinti on met dedans une pièce d’or ou d’argent. Celui qui la trouve sera le plus chanceux de la famille cette année-là. Dans d’autres régions de la Roumanie, les “mucenici” sont de petites pâtisseries servies dans une sauce au miel, riche en sucre et noix râpées ou pilées. D’habitude on laisse une partie des mucenici à l’église ou on en donne aux pauvres, pour la commémoration des morts. Selon la tradition, le jours des martyres, il faut boire 40 verres de vin (un verre pour chaque martyre) ou au moins goûter au vin qui symbolise le sang et donne des forces pour pouvoir bien travailler le long de l’année.

Enfin, voici quelques prévisions roumaines pour le mois de mars. Comptez les jours brumeux en mars et vous saurez le nombre des pluies qui tomberont jusqu’à la fin de l’année. Puis, le nombre des jours de givre vous donnera celui des jours où il y aura du frimas après les Pâques et du brouillard au mois d’août, brouillard qui affectera les récoltes. S’il ne pleut pas en mars, il y aura du pain en abondance. Si l’on fête les Pâques au mois de mars et que le jour est pluvieux, alors il pleuvra pendant 50 jours ou, du moins, il n’y aura pas de soleil. Le 21 mars, le jour est aussi long que la nuit, et si on entend le tonnerre ce jour-là, la peur s’empare des gens. Enfin, c’est le moment où l’on entre sous le signe du Bélier et le temps est favorable au commerce et aux voyages.

Valentina Beleavski

Source : Voyages Ideoz


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