Le Rigaudon

Le rigaudon ou rigodon est une danse traditionnelle provençale à deux temps, plutôt vive.
À l'origine une danse provençale On trouve les premières traces de cette danse en Provence aux XVIIe et XVIIIe siècles où elle est la danse en vogue de haut en bas de l’échelle sociale.


Danseurs de rigaudon XVIIIe siècle.

Madame de Sévigné l’apprécie dans les plus hautes sphères de cette province en 1672 ; c’est une danse enseignée aux jeunes gens de la noblesse. Un autre témoignage de 1786 rappelle aussi le goût des paysannes pour cette danse.

Des compositeurs comme André Campra et Jean-Philippe Rameau en ont fait usage dans quelques-unes de leurs œuvres. Maurice Ravel l'utilisa dans Le Tombeau de Couperin.


Rigaudon de Rameau.

Son influence s'étend en France et jusqu'en Nouvelle-France, puisque le rigaudon fait aussi partie du folklore québécois, comme l'une des danses traditionnelles les plus communes, avec la gigue et le quadrille.
Le rigaudon : un pas de la contredanse

Le pas d'origine se codifie peu à peu et devient l'un des principaux éléments constitutifs du vaste répertoire des contredanses durant tout le XVIIIe siècle. Le pas de rigaudon sert de conclusion à la plupart des déplacements des danseurs et termine en point d'orgue le phrasé musical.
Le rigaudon en Dauphiné

À la fin du XVIIIe siècle, le rigaudon provençal commence à se diffuser dans les provinces voisines.

En effet, en Provence, le niveau de vie s’élève, le luxe gagne peu à peu toutes les couches de la société. La Provence devient un centre d’attraction pour les populations voisines, son rayonnement devient intense et étendu. Un témoin indique en 1786 que « Marseille est encore aujourd’hui pour la Provence et même pour les provinces qui l’entourent, ce qu’est Paris pour tout le royaume ».

Un des facteurs très important de la diffusion du rigodon dans les provinces voisines est la mobilité des populations montagnardes de cette époque (migrations temporaires) : à la saison des moissons, les Provençaux font annoncer dans les paroisses du Gapençais, du Dauphiné et des Cévennes le début des travaux d’été. Aussitôt, les hommes s’attroupent, et ce sont des groupes importants qui partent vers le sud, remontant peu à peu, comme l’étagement climatique le rend possible.

A l’automne, beaucoup de cultivateurs, une partie des femmes et des enfants, sont obligés de venir passer l’hiver dans les pays tempérés de Provence, ou ils amassent, par leur travail, de quoi rentrer chez eux à la fin du printemps.

Ces déplacements sont remarquables par leur caractère massif, leur répétition chaque année, leur durée, et par la présence dans chaque troupe d’hommes, de femmes et souvent d’enfants. Ils se distinguent aussi par la cohésion qui persiste ou qui s’établit entre eux. Au contact de populations plus raffinées, ayant une culture plus prestigieuse, les montagnards adoptent peu à peu leurs mœurs, leurs usages, leurs divertissements.

Les Dauphinois vont adopter cette danse, et probablement la remodeler pour l’adapter à leur culture, leur mentalité montagnarde et en faire une danse proprement dauphinoise.
L’âge d'or

Dès la fin du XVIIIe siècle et durant tout le XIXe siècle, le rigodon jouit d’une vogue sans faille, si durable et si entière qu’il est devenu à bon droit la danse traditionnelle caractéristique de cette province.


Danseurs de rigaudon du Gapençais.

Il est l’élément essentiel, voire unique du répertoire des bals. Toutes les occasions sont bonnes pour le danser : veillées d’hiver dans les maisons qui comptent des jeunes filles, bals du dimanche dans les cafés ou les granges, bals du 1er janvier, du carnaval, du 14 juillet, bals plus prestigieux des vogues (fêtes patronales) et des noces, réunions de voisinage et de travail.

Sa popularité s’étend à toutes les catégories de la population : paysans, les plus nombreux, artisans, commerçants, employés, membres de la petite bourgeoisie des gros bourgs et des petites villes, aristocrates même, au début du XIXe siècle.
Le temps du déclin

Vers la fin du XIXe siècle, une influence parisienne devient plus évidente avec l’adoption progressive de danses en couple fermé : valse, polka, mazurka, scottish, troïka, quadrille, qui fourniront bientôt quelques figures très simples à certaines versions exceptionnelles de rigodons. Au départ très marginales, elles vont peu à peu occuper de plus en plus de place.


Rigaudon en Provence, août 1938, les garçons manquent.

C’est par le sud que le rigodon a commencé à décliner. Dans la région de Gap ce déclin est sensible dès les premières années du XXe siècle. Il n’en n’est pas de même en Trièves, Matheysine, Champsaur ou Valgaudemar, où sa grande vitalité va durer jusqu’à la Première Guerre mondiale.

Celle-ci conduit à une cassure brutale. Pendant quatre ans, les mécanismes délicats de la tradition vont cesser de fonctionner. Au retour de la guerre la vie repart, mais avec une population appauvrie en hommes jeunes, dans un climat nouveau, où le rigodon commence à faire figure de danse vieillie.

D’ailleurs, même les danses parisiennes commencent à faire figure de pratique ancienne face aux danses américaines que les petits orchestres des villes mettent à la portée de tous.

Bien sûr, il ne disparaît pas d’un coup. Ceux dont il avait été le moyen habituel d’expression continuent de le danser aussi longtemps qu’ils en trouvent l’occasion et les forces.

Par endroit, de menus accidents - quelques facteurs favorables jouant simultanément - ont retardé ce déclin : attachement local à l’habitude des veillées, maison recherchée par son accueil, sa gaieté, les jeunes filles qu’on y rencontre, un grand-père musicien ou beau chanteur qui fait danser à la voix, et sait au besoin enseigner la danse collective que les plus jeunes ignoraient.

À noter aussi la récupération du rigodon par les groupes folkloriques à partir de 1930, à commencer par la région de Gap.

De plus, pendant la période 40-45, en Dauphiné comme ailleurs, la suppression des bals a conduit les jeunes à demander à la tradition de leur pays les moyens de se divertir, et des anciens ont été sollicités pour enseigner le rigodon, contribuant ainsi à prolonger l’existence de cette danse.
Le « revival »

Après 1968 et les événements de mai, une nouvelle génération s'intéresse aux musiques, chants et danses populaires et partent dans les campagnes à la recherche des derniers détenteurs des traditions populaires. Ils vont être à l'origine du renouveau de cette danse, et sans doute, eux aussi, la remodeler.
La forme la plus courante de la danse

Il s'agit de la forme dite en file circulaire. C'est une danse très vive, enjouée, dans laquelle chacun s'exprime beaucoup. Elle comporte deux parties :

☻  la promenade : les danseurs - autant que l'on veut - sont disposés en cercle, chaque homme ayant sa partenaire à sa droite ; on ne se donne pas les mains et chacun se tourne d'un quart de tour à droite pour former une file circulaire. Pendant la première partie de la musique, les danseurs avancent en se déplaçant sur le grand cercle (d'où le terme de promenade).
☻  le rigodon proprement dit : sur la première moitié de la deuxième partie de la musique, chaque femme se retourne pour faire face à son partenaire et les danseurs dansent en sautillant d'un pied sur l'autre, en claquant des doigts, voire en poussant des cris aigus. À la deuxième moitié de cette deuxième partie, chacun se retourne pour faire face à la personne qui se trouvait derrière soi et on recommence à danser face à cette personne (contre-partenaire), comme ci-dessus.


Notation des pas de danse.
Source : Wikipédia

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