"VITRIVAL EN PHOTOS"



         N° 135 - Janvier 1991         

SOUS LA LOUPE
LE JOURNAL TEMPS-MORT SOUHAITE UN HEUREUX ANNIVERSAIRE A TOUS SES ABONNES DE VITRIVAL NES EN JANVIER
Le 04 : OMBELET Lucienne.
Le 04 : PARENT Jacques.
Le 05 : DOR Viviane.
Le 07 : WILLEMS Georges.
Le 08 : CARTA Rosa.
Le 09 : COLINET Georges.
Le 09 : TITEUX Laurence.
Le 10 : DESSY Jean-Marc.
Le 10 : TITEUX Caroline.
Le 10 : LEFEBVRE Thierry.
Le 14 : WANT Edith.
Le 15 : BERNARD Michel.
Le 15 : CHALLE Jacqueline.
Le 16 : SAUTOIS Jacqueline.
Le 17 : BERNIER Fabienne.
Le 20 : PIRET Alain.
Le 20 : FAVRESSE Jean-François.
Le 22 : PRETER Sidonie.
Le 24 : LARIVIERE Didier.
Le 27 : HAUTENNE André.

A PROPOS DE CHEZ NOUS
LES PORTIONS AFFOUAGERES A VITRIVAL
Lors de l'avant-dernière séance du Conseil Communal, à une question du conseiller Benoît SPINEUX sur la suppression des portions affouagères de l'hiver 90-91, le bourgmestre Roger VIROUX a invoqué comme cause la vente d'une parcelle (les anciennes Carrières du Bois) pour la création du Camping du Val Tréko (voir TEMPS-MORT n° 134 de décembre 1990).
Il faut savoir que l'attachement des Vitrivalois à leur "djint" (*) repose sur un droit d'usage ancestral qui s'exerce dans le Bois des Chanoines depuis plus de 500 ans. C'est donc au XIIIème siècle que commence l'histoire du "Bois des Mazuys". Le Bois des Chanoines appartenait, à l'époque, au Chapitre des Chanoines de St-Feuillen (Seigneur du lieu), tandis que les habitants de Vitrival y exerçaient des droits forestiers comme le "champiage" et la "glandée" (**). Fin du XIIIème siècle, un différent exista entre les habitants et les chanoines au sujet de ces usages et un arbitrage eut lieu à l'intervention du Prince-Evêque de Liège et l'avoué de Fosses (désigné par les deux parties en cause). Un autre conflit survint au XVIème siècle et pour y mettre fin, le Chapitre, par acte du 6 juin 1522, cantonna les droits d'usage dans 200 bonniers à prendre dans le Bois des Chanoines, qui devinrent le Bois des Mazuys (nom donné aux bénéficiaires de ces droits). Au XVIIème siècle, nouveau conflit entre le Chapitre et les Mazuys. La Haute Cour, après avis de la Cour des Echevins de Liège (1ère Cour d'Appel de la Juridiction Civile) admit le point de vue du Chapitre par un jugement du 2 mai 1672. Les Mazuys allèrent en appel auprès du Conseil Ordinaire du Prince-Evêque, appel qui fut rejeté le 19 janvier 1673. Le débat fut porté devant la Chambre Impériale de Wetzlar (juridiction supême de l'Empire) et le procès y sommeilla jusqu'en 1715, année où il fut réouvert pour ne trouver sa solution que le 21 avril 1750 grâce à la transaction intervenue entre les Chanoines et les Mazuys. L'honneur et les droits étaient saufs! Et une quarantaine de petits cultivateurs purent ainsi garder les droits qui leur étaient contestés.
Après la révolution française, Vitrival devint commune et l'administration ayant interdit tout usage forestier, la municipalité sollicita le maintien des droits ancestraux dans le Bois des Mazuys en faveur des "habitants de Vitrival" en se gardant bien de parler des "Mazuys", le mazuyage étant un privilège accordé à certains habita,ys propriétaires et pour la plupart cultivateurs. Le 10 septembre 1912, le Conseil de Préfecture maintient les droit d'usage aux "habitants de la commune", mais ces droits continuent à s'exercer comme sous l'ancien régime c'est-à-dire uniquement au profit des Mazuys, ceux qui possèdent à Vitrival leur maison et un bonnier et demi (1 ha 30) de terre.
Entretemps, l'Etat était devenu propriétaire du bois et c'est le 16 mars 1829 que la commune l'acheta pour mettre fin à des contestations qui avaient surgi au cours des siècles précédents; le droit d'usage devint alors le droit d'affouage (portions ou djints).
Tout ce qui précède nous montre l'obstination de la communauté rurale de Vitrival, au cours des siècles, pour maintenir ses droits d'usage ancestraux et même médiévaux.
Une réforme du droit de mazuyage fut envisagée en 1838 par le bourgmestre Pierre GALLOY (artisan de l'acquisition du bois par la commune). Dans le registre des délibérations du Conseil Communal, il écrivait : "... par ce moyen, les plus pauvres jouiraient des même avantages que les plus riches, attendu qu'ils doivent supporter les charges en commun sans distinction de fortune" (***). Mais le mazuyage continua de s'exercer sous la forme féodale et les tentatives des autorités supérieures pour amener la commune à percevoir un droit d'affouage se heurtèrent toujours à la force d'une longue tradition.
C'est en 1947 qu'une réforme, due au bourgmestre André SPINEUX, a généralisé l'affouage au profit de tous les foyers de Vitrival; la gratuité est le seul aspect qui subsiste de l'ancien provolège. Seules sont acquittées les redevances d'arpentage pour la délimitation des portions.
Le mazuyage garde une certaine place dans la vie de notre village et si les nécessités en bois ne sont plus aussi impératives qu'autrefois, chacun tient néanmoins à exercer ce droit qui, durant des siècles, fut la préoccupation de nos ancêtres. Mais cette année, de par la volonté de nos administrateurs communaux, les Catoulas en sont réduits à se dire : "Nos n'avans pon djint!"
(*) "In djint" : forme wallonne du mot "gens" (en français s'emploie au féminin) qui a cette particularité locale de s'employer au masculin. Dans les temps anciens, chaque foyer disposait de son bois d'affouage. La coupe affouagère était partagée entre les "djints" du village et la portion prit ce nom.
Lorsque les portions numérotées sont délimitées, le tirage au sort a lieu à la commune un dimanche matin et nombreux étaient ceux qui, dans l'après-midi, allaient au bois chercher et reconnaître leur "djint" et en faire la comparaison avec d'autres; ce qui leur permettait parfois de dire : "D'j'a in bia djint!".
(**) Glandée : droit de ramasser les glands et les faines en forêt.
(***) Pierre GALLOY fut au service de la commune durant 40 années. Il fut maire sous l'Empire puis adjoint et assesseur, avant de devenir bourgmestre jusqu'en 1838.
Sources : P. Errera : les Masuirs (1891) - André SPINEUX : Histoire et Folklore de Vitrival (1958) - Archives de l'Etat à Namur - Archives communales.
Gabriel CLOCHERET

ETAT-CIVIL
MARIAGE
- Robert FRANCOIS d'Acoz, né le 22.10.1960 et Dominique JANS de Vitrival, née le 16.10.1965.

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