Il occupait depuis 12 ans, avec une compétence jamais prise en défaut, un siège au conseil de l'action sociale. Mais il vient d'en être débarqué.
Il est certes amer mais non revanchard, Alain Lenoir. Il y a plus grave dans la vie que de se faire virer de son mandat de conseiller de l'action sociale. Mais quand même, ça fait mal. Rappel : ces intimes avec la misère sociale sont des élus indirects, donc non choisis par les citoyens. À Fosses-la-Ville, l'Union démocratique (UD) les désigne au vote. Pas au PS où ce sont les suppléants sur la liste qui entrent en scène.
Il y a 6 ans, Alain Lenoir et Françoise Bertrand avaient été installés sans vote, sur simple recommandation du bourgmestre Benoît Spineux. Et le groupe l'avait suivi, au vu de l'expérience des candidats qui sortaient déjà d'un mandat de 6 ans.
Mais, en 2012, le groupe a voté et élu, indirectement donc, Bernard Dufrasne (MR), Pascal Guilin (qui n'était pas candidat à la dernière élection) et David Antoine (MR). Chez les dames, c'est Mélanie Lisen et Josée Lechien, toutes deux d'Aisemont. Des désignations sous réserve de leur confirmation, le 3 décembre, lors de l'installation conjointe du conseil communal et du conseil de l'action sociale. La répartition des sièges est la suivante : 6 UD, 2 PS et 1 Écolo.
Consigne de vote ?
Alain Lenoir tire donc sa révérence : «C'est la démocratie, je m'incline. J'ai pourtant toujours défendu les intérêts du CPAS bec et ongle et la législature qui s'annonce sera très dure ». Tous les critères objectifs lui étaient pourtant favorables : l'expérience d'abord et la compétence (pour notamment établir un budget et réclamer si besoin au collège communal, le pouvoir de tutelle). Il avait l'art de rendre simples des matières indigestes, abattait des idées claires et des arguments toujours affûtés. Le voilà pourtant out. «J'avais senti que ce ne serait pas simple et j'avais fait une ouverture dit-il : je partirais après 4 années, pour faire monter un plus jeune ». Étrangement, alors que les candidats de l'Union avaient été invités à signer une charte reprenant les desiderata et ambition de chacun, aucun des nouveaux élus indirects n'a déclaré sa candidature à un poste au conseil de l'action sociale. Ce qui fait dire au «sorti » qu'il y a eu, en coulisse, consigne de vote pour ne pas que soient réélus les deux plus anciens de la bande, Françoise Bertrand et lui-même. Alain Lenoir en a tiré des conséquences immédiates : il a démissionné de l'Union démocratique et de son mandat de conseiller de l'action sociale.
C'est lui ou c'est moi ?
Alain Lenoir, qui loue sa parfaite collaboration avec le président du CPAS sortant, Gaëtan de Bilderling, regrette cependant ne pas avoir été plus soutenu, eu égard à son travail et à sa ténacité à faire valoir les intérêts du CPAS. Démissionnaire de l'Union, il a retrouvé une certaine liberté de parole et déplore la manière assez amatrice avec laquelle le prochain collège a été constitué : après les réunions, ce sont les SMS qui ont eu la faveur des négociateurs comme canal de communication. Plutôt original. «Le groupe est miné par des haines corses. L'union n'est qu'une façade. À l'intérieur, c'est trois blocs bien indépendants». L'hypocrisie sauve les apparences.
Les deux réunions de« crise » suivant le scrutin ont été marquées par de vifs antagonismes, principalement entre deux candidats échevin : Étienne Drèze et Jean-François Favresse, le premier dégainant publiquement : «C'est lui ou c'est moi », en agitant d'une main sa lettre de démission. Une nuit plus tard, les deux seront finalement de l'équipe : un mandat d'échevin, c'est quand même 35000€ brut par an et ça fait réfléchir plus loin que son aversion ou ses mauvais sentiments.
Mais dans quel esprit et ambiance œuvreront-ils ? Quant à Lorie Spineux, forte de son 3e meilleur score, elle aurait pu être échevine ou présidente du CPAS si elle l'avait clairement exprimé. Au lieu de cela, elle s'est emmêlée les pinceaux dans un discours inaudible de «ni oui ni non ». Quand on s'engage en politique, il faut à tout le moins savoir ce que l'on veut. Ce climat délétère ne présage pas forcément d'une législature sereine. Une certitude : un collège gangrené par l'inimitié ne pourra pas efficacement fonctionner.
Pierre WIAME